L’alimentation joue-t-elle un rôle dans la sévérité des infections à Covid 19
- Publié le 24/08/2021
C’est une question qui se pose depuis le début de l’épidémie du fait que la sévérité est liée à la fois à la faible efficacité du système immunitaire et d’une réaction flambée inflammatoire. Immunité et inflammation sont en partie liées à la qualité nutritionnelle, cela semble donc évident.
Les premières évaluations vont en ce sens.
Des chercheurs ont établi un score simplifié qui se calcule en fonction de la proportion d’aliments favorables (végétaux non transformés, poissons gras, huile olive…) et défavorables (produits transformés par l’industrie agroalimentaire), avec des corrélations sur la qualité du microbiote et le niveau inflammatoire.
600 000 personnes ont ainsi pu être suivies grâce à une application smartphone. 31800 cas de Covid 19 survenus pendant l’observation ont permis de faire une corrélation en qualité alimentaire et sévérité des symptômes.
Globalement, les personnes ayant un score nutritionnel favorable ont eu un risque diminué de 40% de faire une forme grave(1).
Référence
Jordi Merino & al : Diet quality and risk and severity of COVID-19: a prospective cohort study – en preprint sur medrxiv
Assimilation des nutriments selon le niveau de transformation des aliments
- Publié le 21/06/2021
Le bilan défavorable des produits ultra-transformés est aujourd’hui bien documenté, par diverses études montrant les effets néfastes de leur consommation.
Parmi les facteurs en cause, la perte de la matrice naturelle mise en avant par Anthony Fardet (1) joue probablement un rôle important, associé aux propriétés non physiologiques des additifs de synthèse.
L’effet matrice se comprend aisément en biologie évolutive : nos organismes sont adaptés à recevoir des nutriments dans une structure vivante et ils ont développé des mécanismes pour les assimiler de manière optimale dans ces conditions. Lorsqu’ils arrivent dans des conditions artificielles, les processus physiologiques sont moins performants ce qui peut se traduire par une assimilation différente et une perturbation de l’état du tube digestif.
Une recherche effectuée sur trois produits à base saumon (poisson intact, haché et huile avec des compositions identiques en lipides) a évalué l’assimilation des acides gras oméga-3, EPA et DHA. Il a été montré que l’assimilation était significativement plus élevée pour le poisson intact, et que le processus digestif (pH vitesse de vidange gastrique) était différent, ce qui est une explication satisfaisante selon les auteurs (2).
L’assimilation plus faible est cependant réelle pour les produits transformés, rappelant que la règle du tout ou rien ne s’applique pas en ce domaine. On peut se nourrir avec des aliments transformés, mais moins bien. Et lorsqu’il s’agit d’une consommation régulière, les effets cumulatifs peuvent avoir des conséquences notables.
Cela montre également que la prise de compléments alimentaire est plus avantageuse au cours d’un repas qui apporte habituellement le type de nutriments complémentés. Ceux-ci se retrouvent alors dans un environnement plus proche de l’optimal naturel dont ils sont eux-mêmes très éloignés.
Références :
1. Anthony Fardet : Halte aux aliments ultratransformés ! Mangeons vrais – Thierry Souccar Éditions 2017
2. N. A. Nasef & al : Salmon food matrix influences digestion and bioavailability of long-chain omega-3 polyunsaturated fatty acids – Food Funct. juin 2021
Le végétalisme a-t-il des effets néfastes sur la grossesse ?
- Publié le 21/06/2021
La question de l’adéquation ou non d’un régime végétalien pour la santé humaine se pose régulièrement. Les résultats observés semblent contradictoires, montrant parfois des bénéfices, parfois des conséquences néfastes. Tout dépend en fait à quoi on le compare et à qui il s’adresse.
La dernière recherche (1) porte sur la grossesse en comparant des femmes omnivores, pesci-végétariennes (incluant les poissons), ovo-laco-végétariennes et végétaliennes strictes (vegan).
Aucune différence n’a été constatée sur l’incidence des naissances prématurées.
Des différences ont été notées sur le poids de naissance des enfants, et le gain de poids gestationnel des mères.
Le poids moyen des enfants était en moyenne de 3 015 g (+/– 420 g) pour les mères végétaliennes strictes, 3 285 g pour les mères lacto-ovo-végétariennes, et 3 328 pour les autres (omnivores et pesci-végétariennes).
La prise de poids moyenne des mères végétaliennes était de 11,6 kg et de 14,3 pour les mères omnivores.
Ces résultats amènent plusieurs commentaires :
– Si le poids de naissance de l’enfant et la prise de poids de la mère sont considérés comme des indicateurs de santé, alors un régime pesci-végétarien ou omnivore semble plus favorable à l’ensemble de la population et le végétarisme strict le plus risqué. Cela confirme une vision globale et synthétique des données actuelles de nutrition santé.
– Aucun enfant de mère végane (poids de 2 595 à 3 435 g) n’est en dessous de 2 500 g, seuil en dessous duquel le petit poids de naissance est reconnu comme un facteur de risque pour l’enfant.
– Concernant la prise de poids de la mère, dans la mesure où il n’y a pas de carences associées, être en dessous de la moyenne n’est pas un problème, cela pourrait même être bénéfique.
– Globalement, il est évident que le végétarisme strict, s’il répond aux besoins de l’organisme par une grande diversité végétale et se supplémente en vitamine B12 en cas de déficience, ne pose pas de problème de santé s’il est bien supporté par le corps. Il est même avantageux s’il permet d’être en phase avec des valeurs importantes pour la personne.
– La nutrition santé gagne toujours à augmenter la diversité. Elle gagne aussi à respecter les valeurs de la personne dans les choix alimentaires. La réduction de diversité demande alors d’être plus vigilant sur les nutriments pénalisés par la restriction.
Référence :
1. T. Avnon & al. : The impact of a vegan diet on pregnancy outcomes. J Perinatol 2021 : 41 : 1129-1133
5 fruits et légumes par jour ou davantage ?
- Publié le 21/06/2021
Le chiffre de cinq portions de fruits et légumes, dont 3 ou 4 de légumes, fait aujourd’hui consensus auprès des autorités sanitaires pour obtenir un effet bénéfique notable sur la santé.
Une étude de 2014 indiquait un bénéfice supérieur pour 7 portions (1).
Une méta-analyse parue récemment a regroupé près de 1 900 000 participants sur une durée qui a conduit à 145 000 décès, avec des données sur la consommation alimentaire régulière.
L’objectif était d’évaluer la relation dose/effet du nombre de portions quotidiennes de fruits et légumes.
Il est apparu clairement que le bénéfice obtenu avec 5 portions n’augmente pas au-delà de ces 5 portions. Il ne diminue pas non plus.
Faut-il pour cela se restreindre à 5 portions par jour ?
Non, parce qu’il serait stupide de se priver de quelque chose qui ne fait aucun mal et a peut-être d’autres avantages que la réduction de mortalité. Il serait également stupide de compter précisément ses fruits et légumes.
La recommandation pourrait être autant de légumes que possible, au moins un fruit ou davantage s’ils sont bien tolérés, et un repère de 5 portions en moyenne par jour comme objectif minimal.
Références :
1. O. Oyebode & al : Fruit and vegetable consumption and all-cause, cancer and CVD mortality: analysis of Health Survey for England data, J. Epidemiol Community Health, 2014, 68(9) : 856-62.
2. Wang DD et coll. : Fruit and Vegetable Intake and Mortality: Results From 2 Prospective Cohort Studies of US Men and Women and a Meta-Analysis of 26 Cohort Studies. Circulation. 2021 : 27; 143(17):1642-1654
Les polyphénols, des antioxydants pas comme les autres
- Publié le 23/05/2021
Des chercheurs italiens ont évalué l’influence de la consommation en polyphénols sur le vieillissement (écart entre âge biologique et âge chronologique ainsi que sur le risque vasculaire. Ils ont pour cela exploité les données de la cohorte Moli-sani (1) en évaluant à la fois le niveau d’apport antioxydant et celui plus spécifiques des diverses classes de polyphénols (2). Ils ont comparé leurs résultats à ceux d’étude précédente pour tirer quelques conclusions.
Leur conclusion est que qu’un effet ralentisseur du vieillissement biologique est corrélé au niveau d’apport global en polyphénols global, pas à une classe en particulier. Il n’y a en revanche pas de corrélation avec le niveau global d’antioxydants. Les polyphénols sont également associés à une diminution du risque vasculaire.
Des analyses d’une autre grande cohorte (Predimed) n’avaient pu établir aucun lien entre la capacité antioxydante totale et l mortalité.
Cela montre le rôle particulier des polyphénols parmi les antioxydants, qui n’ont pas seulement une fonction antiradicalaire. Ils agissent également comme réducteurs de l’inflammation et modulateurs du microbiote intestinal.
Références :
1. Le projet Moli-sani est un suivi rigoureux depuis 2005 de plus de 25 000 participants à partir de leurs 35 ans est une source importante de donnée qui alimentent diverses études sur l’influence des facteurs nutritionnels sur la santé (www.moli-sani.org)
2. Esposito & al : Dietary Polyphenol Intake Is Associated with Biological Aging, a Novel Predictor of Cardiovascular Disease: Cross-Sectional Findings from the Moli-Sani Study – Nutrients 2021, 13, 1701
3. Henríquez-Sánchez et al. : Dietary total antioxidant capacity and mortality in the PREDIMED study. Eur. J. Nutr. 2015, 55, 227–236.
Les PFAS, toxiques, labiles et persistants, présents dans certains emballages alimentaires et la vaisselle jetable
- Publié le 22/05/2021
Les PFAS, composés per et polyfluoroalkyles sont des polluants chimiques particulièrement inquiétants pour plusieurs raisons :
– Il existe plusieurs milliers de structures différentes, ce qui complique leur détection.
– Du fait de leurs propriétés antiadhésives et antitaches, ils sont abondamment utilisés dans les emballages alimentaires et la vaisselle en papier jetables, carton et fibres végétales moulées.
– Ils sont labiles et peuvent diffuser dans la nourriture au contact de ces emballages et dans l’environnement
– Ils ne sont pas biodégradables et du fait de leur persistance, s’accumulent dans l’environnement qui devient une source de contamination, jusque dans l’eau potable (1).
– Leur toxicité est avérée, favorisant les cancers et affaiblissant les systèmes immunitaire et hormonal. Ils perturbent notamment la fonction thyroïdienne.
Une enquête européenne (2), avec test mesurant le fluor organique total et pouvant ainsi détecter les PFAS de manière globale, a montré la présence de ces additifs à des niveaux élevés dans la plupart des emballages alimentaires analysés.
Références :
1. Les PFAS, un danger sanitaire mal mesuré présent dans l’eau potable
2. Enquête européenne sur les PFAS dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetables
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