Les polyphénols, des antioxydants pas comme les autres

Des chercheurs italiens ont évalué l’influence de la consommation en polyphénols sur le vieillissement (écart entre âge biologique et âge chronologique ainsi que sur le risque vasculaire. Ils ont pour cela exploité les données de la cohorte Moli-sani (1) en évaluant à la fois le niveau d’apport antioxydant et celui plus spécifiques des diverses classes de polyphénols (2). Ils ont comparé leurs résultats à ceux d’étude précédente pour tirer quelques conclusions.
Leur conclusion est que qu’un effet ralentisseur du vieillissement biologique est corrélé au niveau d’apport global en polyphénols global, pas à une classe en particulier. Il n’y a en revanche pas de corrélation avec le niveau global d’antioxydants. Les polyphénols sont également associés à une diminution du risque vasculaire.
Des analyses d’une autre grande cohorte (Predimed) n’avaient pu établir aucun lien entre la capacité antioxydante totale et l mortalité.
Cela montre le rôle particulier des polyphénols parmi les antioxydants, qui n’ont pas seulement une fonction antiradicalaire. Ils agissent également comme réducteurs de l’inflammation et modulateurs du microbiote intestinal.

Références :
1. Le projet Moli-sani est un suivi rigoureux depuis 2005 de plus de 25 000 participants à partir de leurs 35 ans est une source importante de donnée qui alimentent diverses études sur l’influence des facteurs nutritionnels sur la santé (www.moli-sani.org)
2. Esposito & al : Dietary Polyphenol Intake Is Associated with Biological Aging, a Novel Predictor of Cardiovascular Disease: Cross-Sectional Findings from the Moli-Sani Study – Nutrients 2021, 13, 1701
3. Henríquez-Sánchez et al. : Dietary total antioxidant capacity and mortality in the PREDIMED study. Eur. J. Nutr. 2015, 55, 227–236.

Vitamine D : le microbiote entre en scène

La vitamine D est devenue la star des compléments alimentaires. Les avantages santé impressionnants d’un taux élevé dans le sang, sans cesse rappelés (y compris face aux Coronavirus), suffisent à les justifier dans la plupart des articles à ce sujet. Or, s’il y a une corrélation maintes fois vérifiée entre un niveau naturellement élevé de 25-OH-cholécalciférol et un réel bénéfice santé, on oublie généralement deux aspects de la situation :
1. Les complémentations, en élevant directement le taux sanguin, n’obtiennent qu’une partie des bénéfices, ce qui montre que la vitamine D dosée est un facteur de santé et aussi un marqueur d’un état de santé, c’est-à-dire que certaines conditions favorables ont aussi pour effet de faire monter ce taux (1)
2. Le 25-OH-cholécalciférol est une provitamine D inactive. La forme devient active, en se transformant au niveau du rein en 1,25 diOH cholécalciférol. Cette forme n’est habituellement dosée que lors des insuffisances rénales, pour évaluer la capacité métabolique des reins. Et le principe selon lequel la forme circulante inactive est le meilleur marqueur du statut en vitamine D n’a jamais été remis en cause.

La publication récente de chercheurs californiens (2) se pose cette question en constatant sur plusieurs centaines de sujets âgés (moyenne d’âge 84 ans), l’inconstance de la conversion de précurseur en forme active de vitamine D, et une corrélation entre le niveau de cette conversion et la nature du microbiote.

Le fait que les sujets soient âgés, donc plus concernés par l’insuffisance rénale, ne permet pas de conclure grand-chose, mais pose deux questions qui devraient nous interpeller :
– Le dosage du précurseur circulant est-il insuffisant pour établir le statut en vitamine D ?
– Peut-on dissocier le statut en vitamine D des autres facteurs de santé (nutrition, ensoleillement, microbiotes…) pour croire qu’il suffit de prendre une complémentation pour se protéger ?

Références :
1. Et si la supplémentation en vitamine D était souvent inutile, et parfois néfaste ?
2. R.L. Thomas & al : Vitamin D metabolites and the gut microbiome in older men  – Nature Communications 2020 vol. 11, Article: 5997

La vitamine D n’est pas le seul bénéfice du soleil !

Les liens maintes fois vérifiés entre des niveaux élevés de vitamine D dans le sang et une meilleure santé ont conduit à la croyance que le niveau de vitamine D était un facteur de santé. tout comme il y  quelques décennies, le lien entre cholestérolémie élevée et risque d’accident vasculaire avaient fait une cholestérol un facteur de risque majeur, hypothèse aujourd’hui largement invalidée.
Dans les deux cas, c’est le même piège de la pensée linéaire simpliste qui opère : une corrélation devient un lien de causalité avec le flèche dans le sens de la croyance.
Certaines données récentes vont dans le sens que comme pour le cholestérol, le niveau de vitamine D pourrait être un témoin, et pas seulement un facteur. Ce qui veut dire qu’une complémentation qui augmente le taux sanguin n’apportera pas les bénéfices d’un niveau naturellement élevé, tout comme une baisse du cholestérol sanguin sous traitement n’apporte pas les bénéfices d’un cholestérolémie naturellement basse.
Une publication suédoise vient d’apporter un élément nouveau à ce sujet. En évaluant minutieusement les effets de l’ensoleillement et du niveau de vitamine D sur le risque de sclérose en plaque,   il apparaît un effet protecteur net de l’ensoleillement indépendamment de la vitamine D, qui apporte aussi un bénéfice, mais plus modéré.
Une petite étude canadienne publiée en 2019 sur une vingtaine de femmes déficientes ou non en vitamine D, a monté qu’une exposition aux rayons UVB analogues à ceux du soleil, trois fois par semaine, conduisait en plus de l’augmentation du niveau sanguin de vitamine D à une augmentation de la diversité du microbiote, ce qui reconnu aujourd’hui comme un facteur de santé. Il serait intéressant, dans ce cas, de vérifier quelle est la part de la vitamine D dans ce changement, en comparant les effets d’une exposition au soleil à ceux d’une supplémentation en vitamine D.
Cela nous évoque qu’il est bien plus avantageux (et plus économique !) de s’exposer au soleil que de prendre des compléments de vitamine D, et ne pas s’alarmer d’un niveau de vitamine D sanguin sous-optimal (10-30 µg/l) si le temps passé au soleil est déjà important et si l’alimentation inclut les sources habituelles : poissons, oeufs, éventuellement produits laitiers.

Références :
AK Hedström & al : Low sun exposure increases multiple sclerosis risk both directly and indirectly – Journal of Neurology (2020) 267:1045–1052
ES Bosman & al : Skin Exposure to Narrow Band Ultraviolet (UVB) Light Modulates the Human Intestinal Microbiome – Front. Microbiol., octobre 2019