La biologie et la faim s’adaptent au rythme des repas
- Publié le 10/03/2023
Lorsque l’on recherche à réguler les prises alimentaires par la faim et la satiété, la logique est de manger quand la faim est là, ce qui est en pratique pourrait être incompatible avec la vie sociale et familiale, et peu avantageuse quand on connaît l’importance de la convivialité dans la globalité des bénéfices santé d’un comportement alimentaire.
Une recherche récente apporte un éclairage intéressant, en confirmant ce qui est souvent ressenti : lorsque les horaires des repas sont prévus à des horaires réguliers, la sensation de faim tend à s’y adapter.
Les chercheurs ont étudié les variations de la glycémie sur un groupe de sujet en fonction de l’organisation des repas (fréquence et quantité de nourriture) les jours précédents. Il est alors apparu que l’information des habitudes alimentaires était intégrée par la physiologie pour prédire l’heure des repas et ajuster l’apparition de la faim.
En prenant en compte cette étude et l’observation que nous pouvons adapter notre comportement alimentaire aux contraintes extérieures du rythme des repas, il n’est pas besoin de se couper de la vie sociale pour restaurer un ajustement de la quantité des prises alimentaires par les sensations. Cette coupure de la contrainte du cadre reste néanmoins nécessaire, un certain temps, lorsque la perturbation du comportement alimentaire est importante pour commencer un programme de rééducation.
Référence :
Isherwood et al. : Human glucose rhythms and subjective hunger anticipate meal timing – Current Biology, février 2023.
L’apport en protéines et la prise de poids
- Publié le 07/02/2023
La place des protéines dans l’alimentation favorable à la perte de poids n’est pas toujours très bien définie. On sait que le régime hyperprotéiné est amaigrissant, et aussi qu’il n’est pas une solution durable. On sait que les alimentations paléo et cétogènes, riches en protéines/lipides et pauvres en glucides sont favorables à la perte de poids, et aussi qu’elles sont contraignantes et peu écoresponsables. On observe aussi que le végétalisme, plutôt pauvre en protéine, n’est pas fortement corrélé à la prise de poids, seulement favorisant pour certaines personnes.
Des chercheurs australiens ont apporté des données éclairantes en effectuant une enquête approfondie sur plus de 900 sujets. Il montre l’effet favorable des protéines, surtout en début de journée, et l’effet néfaste des produits ultra-transformés, dont la teneur protéique est souvent faible.
Tout se passe comme si le corps était sensible au fait que les besoins en protéines sont satisfaits, et augmente l’appétit pour y parvenir si ce n’est pas le cas, conduisant à la consommation d’un excès de glucides.
Cela confirme les effets favorables de la chrononutrition sur le poids, globalement riche en protéines, surtout réparties le matin et le midi.
Référence
Grech A, et al. : Macronutrient (im)balance drives energy intake in an obesogenic food environment : An ecological analysis – Obesity, novembre 2022, 30(11) : 2156-2166.
Lobbying et information nutritionnelle
- Publié le 05/02/2023
C’est aujourd’hui un fait bien connu, les multinationales du secteur pharmaceutique et agroalimentaire consacrent un budget important pour le lobbying destiné à orienter l’information sur la santé dans un sens qui préserve leurs intérêts.
– En novembre 2016, une publication venant d’universitaires californiens, fondée sur une analyse rigoureuse des documents internes de la Sugar Research Foundation (SRF), des rapports historiques et des déclarations pertinentes aux premiers débats sur les causes alimentaires du risque cardiovasculaire, a révélé que l’industrie agroalimentaire liée au sucre a parrainé un programme de recherche dans les années 1960 et 1970, qui a réussi à jeter le doute sur les dangers du saccharose, tout en accusant le gras d’être le responsable des maladies cardiovasculaires (1). La rigueur de ce travail a été saluée, et les choses en sont restées là.
– En septembre 2020, des chercheurs suédois ont fait une revue de 21 études portant sur plus de 2 000 documents attestant de prises de position publiques d’experts, afin d’évaluer l’impact des conflits d’intérêts financiers et non financiers des professionnels de santé sur l’attribution de recommandations favorables pour un médicament ou un dispositif de santé. Ils ont démontré l’influence claire des liens d’intérêt des chercheurs sur les avis positifs qu’ils peuvent exprimer en tant qu’experts (2).
– En octobre 2022, l’université de Cambridge a publié une analyse sur l’Academy of Nutrition and Dietetics (AND), considérée comme plus grande organisation de professionnels de l’alimentation et de la nutrition américaine. Les documents révèlent une relation symbiotique entre l’AND, sa fondation (ANDF) et les entreprises de l’agroalimentaire et du médicament. Les sociétés aident l’AND et l’ANDF avec des contributions financières. En contrepartie, ces organisations agissent comme une voix pro-industrie dans certaines instances politiques, et avec des positions publiques qui entrent en conflit avec sa mission d’améliorer la santé à l’échelle mondiale.
Il peut sembler scandaleux qu’un lobbying défendant des intérêts financiers privés puisse avoir un effet contraire à la recherche d’une meilleure santé des personnes. C’est pourtant ainsi, ce n’est pas franchement illégal, et cela finalement n’est pas surprenant.
Il y a deux raisons fortes qui font que rien ne peut changer radicalement.
– La première est industrielle avec un lobbying qui a une puissance d’action suffisante pour maintenir le statu quo.
– La seconde est politique, avec la conscience pragmatique qu’il est impossible aujourd’hui de nourrir toute la population sans l’industrie agroalimentaire, et qu’il est donc nécessaire de la préserver, en espérant au mieux que son offre évolue.
Le changement individuel est lui tout à fait possible, pour celles et ceux qui ont compris que l’information officielle et véhiculée par les grands médias est à considérer avec prudence en intégrant qu’elle préserve certains intérêts. Ne pas oublier non plus que d’autres sources qui s’opposent à ce système reposent sur des idéologies contestables et diffusent des informations partisanes vis-à-vis de cette idéologie. Il existe aussi des sources indépendantes et fiables, que l’on peut consulter avec davantage de confiance.
Références :
1.Cristin E. Kearns & al : Sugar Industry and Coronary Heart Disease Research A Historical Analysis of Internal Industry Documents – JAMA Intern Med. 2016, 176(11) : 1680-1685
2. Camilla H Nejstgaard & al : Association between conflicts of interest and favourable recommendations in clinical guidelines, advisory committee reports, opinion pieces, and narrative reviews: systematic review – BMJ 2020, 371 : m4234
3. Angela Carriedo & al : The corporate capture of the nutrition profession in the USA: the case of the Academy of Nutrition and Dietetics – Public Health Nutrition octobre 2022.
Les supplémentations efficaces pour la prévention cardiovasculaire
- Publié le 30/01/2023
Pour établir la vérité scientifique actuelle sur l’intérêt de diverses complémentations sur la prévention des risques vasculaires, une publication du JAAC propose la synthèse d’une revue systématique et une méta-analyse d’essais d’intervention contrôlés randomisés sur les micronutriments.
Il en ressort des effets bénéfiques significatifs pour les oméga 3, l’acide folique (vit B9) et le coenzyme 10 ; pas d’effets significatifs pour les vitamines C,D,E et le sélénium ; et des effets néfastes pour le B carotène.
Finalement, rien de surprenant, la confirmation de l’intérêt d’un apport suffisant en oméga 3 et vitamine B9 et du fait que le ß carotène en supplémentation n’est pas une bonne idée.
L’intérêt du coenzyme Q10 comme soutien face au processus de vieillissement est à considérer.
Dans tous les cas, de telles complémentations sont difficiles à prendre en continu toute la vie, et il est bien difficile d’évaluer l’intérêt de cures de durée limitée.
Cela confirme une nouvelle fois qu’une alimentation diversifiée faisant la part belle aux oméga 3 et aux végétaux non transformés est la meilleure prévention, et aussi la plus économique.
Référence
An P et coll. : Micronutrient Supplementation to Reduce Cardiovascular Risk. J Am Coll Cardiol 2022 ; 80 : 2269-2285
La charge glycémique, un critère majeur de nutrition santé
- Publié le 20/01/2023
Charge glycémique (CG) et index glycémique (IG) ont une signification assez proche. La CG est plus intéressante car elle considère l’impact réal de l’aliment sur un organisme et peut être ramenée à un repas, alors que l’IG est une valeur théorique qui qualifie la part glucidique des aliments indépendamment de leur proportion. Pour les deux, il est désormais reconnu que des valeurs élevées sont défavorables
Les puristes de la preuve pourront encore dire qu’aucune relation de cause à effet n’est établie. Il est en effet difficile de montrer expérimentalement une corrélation directe entre une augmentation de la charge glycémique des repas et des altérations de santé.
Les effets néfastes aliments à charges glycémiques élevées reposent sur deux constats :
– De tels aliments n’existent pas à l’état naturel, l’organisme n’est donc pas habitué biologiquement à les gérer. Cela ne prouve rien, mais cela donne un cadre favorable au dysfonctionnement.
– La convergence des études d’observations. Deux publications récentes portant sur un grand nombre de sujets (1,2) montent une nette corrélation entre index glycémique et/ou charge glycémique des repas et les pathologies métaboliques et vasculaires.
Cependant, la charge glycémique n’est toujours pas un critère mis en avant par les recommandations nutritionnelles officielles, qui évoquent timidement de réduire les sucres simples. Il est vrai que les recommandations pour tendre vers une CG basse seraient de limiter fortement les sucres ajoutés, les pommes de terre et les céréales raffinées, c’est-à-dire le socle des produits ultratransformés et de l’alimentation moderne industrialisée !
Références :
1. A. K. Dwivedi & al : Associations of Glycemic Index and Glycemic Load with Cardiovascular Disease: Updated Evidence from Meta-analysis and Cohort Studies – Curr Cardiol Rep – mars 2022, 24(3):141-161
2. David J.A. Jenkins,& al : Glycemic Index, Glycemic Load, and Cardiovascular Disease and Mortality – April 8, 2021 – N Engl J Med 2021; 384:1312-1322
Les laves vaisselles intensifs des collectivités sont potentiellement toxiques pour nos intestins
- Publié le 16/01/2023
Pour agir efficacement sur des cycles très courts (de quelques minutes), les lave-vaisselle professionnels utilisés dans la restauration et les cantines, agissent en trois temps : lavage à l’eau chaude en présence de détergents sous pression, puis rinçage avec divers agents chimiques, et séchage.
Du point de vue fonctionnel, c’est parfait. Le souci est que les agents de rinçage ne sont pas complètement éliminés, et parmi eux, les d’éthoxylates d’alcool (et peut-être à un degré moindre d’autres substances) ont une action toxique sur la muqueuse intestinale, avec une inflammation qui perturbe sa régénération. En clair, cela favorise l’atrophie et la perméabilité intestinale, dont on connaît aujourd’hui le rôle favorisant sur de nombreuses maladies chroniques.
L’expérimentation effectuée a testé les produits utilisés dans les lave vaisselle à très forte dilution, restituant le niveau de résidus que l’on peut trouver dans les assiettes, et constaté des effets toxiques.
Les produits de lave-vaisselle utilisés par les particuliers sont différents, et ne sont pas concernés par cette étude.
Référence :
I. Ogulur &t al.: Gut epithelial barrier damage caused by dishwasher detergents and rinse aids – The Journal of Allergy and Clinical Immunology, décembre 2022.
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