Des PFAS dans les produits de la mer

Les PFAS sont des composés de synthèse caractérisés par des liaisons carbone-fluor très stables, avec une longue persistance dans l’environnement et dans les organismes, ce qui les qualifie de polluants éternels. Ils ont été détectés à l’échelle mondiale dans les eaux, les sols et les organismes vivants.
Le PFAS le plus connu est le PTFE (polytétrafluoroéthylène) dont le nom commercial est le Teflon®, longtemps utilisé pour rendre les poêles antiadhésives est aujourd’hui interdit. On trouve d’autres PFAS dans les emballages alimentaires en papier ou carton (notamment ceux ces fast-foods), dans les produits imperméabilisants et antitaches des textiles, certaines peintures et certains produits ménagers et cosmétiques.

Qu’en est-il des apports alimentaires ? Ils augmentent progressivement dans les organismes animaux qui y sont exposés et les accumulent.
Une recherche dans l’État du New Hampshire (États-Unis) a quantifié des PFAS dans les produits marins (morue, aiglefin, homard, saumon, pétoncle, crevette et thon), avec une corrélation avec les habitudes alimentaires locales pour quantifier les apports quotidiens. Les chercheurs ont identifié 26 variétés de PFAS, avec des concentrations variables selon les espèces, les plus élevées étant dans les crevettes et les homards (1).
La contamination des animaux marins commence près des côtes. Les PFAS s’accumulant dans les organismes, comme le mercure, ils se répandent ensuite par la chaîne alimentaire.

Les effets néfastes les PFAS sont encore mal connus. Les données actuelles font suspecter un effet sur la cancérisation, des perturbations hormonales, et une dégradation de la fonction immunitaire.

La présence de métaux toxiques (mercure, cadmium, plomb), de polluants organiques (PCB) et de microplastiques est déjà connue dans les aliments d’origine marine. Les PFAS s’y ajoutent et la liste n’est probablement pas close. Doit-on pour autant s’abstenir des produits de la mer, qui ont par ailleurs de réels atouts nutritionnels et gastronomiques ? L’évaluation bénéfices/risques est difficile à fixer, et c’est donc un choix qui revient à chacun, selon ses objectifs et ses goûts.
Dans tous les cas diverses raisons écologiques et sanitaires, nous invitent à limiter cette consommation. Trois fois par semaine en variant les produits semblent un seuil raisonnable, permettant des apports nutritionnels utiles avec un risque limité.
Ne consommer aucun toxique est aujourd’hui illusoire si l’on veut conserver la diversité alimentaire seule garante de la satisfaction de tous les besoins. Nous vivons dans un monde contaminé pour longtemps et nos organismes seront tôt ou tard contraints à s’y habituer.

Référence
1. Crawford et al :  Patterns of Seafood Consumption Among New Hampshire Residents Suggest Potential Exposure to Per- and Polyfluoroalkyl Substances – Exposure and Health. 2024.

 

Alimentation et psychisme : des précisions éclairantes

Le lien entre l’alimentation et l’état psychique est désormais admis, avec diverses préconisations pour améliorer la biosynthèse de neuromédiateurs (sérotonine, dopamine) qui reposent davantage sur une logique métabolique que des essais contrôlés.
Une publication de l’université Reading [1] apporte un éclairage nouveau avec l’analyse de l’activité des neurotransmetteurs et de la structure du lobe frontal du cerveau mise en lien avec la qualité de l’alimentation, chez 30 volontaires.
Il est apparu qu’une alimentation moderne riche en sucres et graisses saturées favorise une augmentation du rapport glutamate/GABA et une diminution du volume de matière grise de la partie frontale du cerveau. Ces changements sont associés à une tendance à la rumination mentale que l’on retrouve dans la dépression et l’anxiété.
Plusieurs mécanismes liés au métabolisme des neuromédiateurs et au microbiote expliquent une augmentation du glutamate cérébral (excitateur de l’activité cérébrale) associée à une diminution du GABA (inhibiteur).
Il serait bien sûr illusoire qu’un simple changement alimentaire puisse résoudre un problème de dépression ou d’anxiété. C’est en revanche un atout important dans un programme de changement durable associant psychothérapie et optimisation du mode de vue pour une meilleure santé psychique.

Référence :
1. Piril Hepsomali & al : Adherence to unhealthy diets is associated with altered frontal gamma-aminobutyric acid and glutamate concentrations and grey matter volume: preliminary findings – Nutritional Neuroscience, mai 2024

 

Consommation de viande : la réduction se fait attendre !

Pour la santé de la planète, de l’humanité et pour le bien-être animal, la baisse de consommation de produits animaux et plus particulièrement de viande est une solution nécessaire. On pourrait penser qu’avec la prise de conscience du dérèglement climatique et le développement du végétarisme, la baisse de consommation soit perceptible, notamment en France.
Le rapport de FranceAgriMer sur la consommation de viandes en 2022 par la population française confirme un redressement après des années de fluctuations à un niveau qui reste élevé : 80 à 85 kg équivalents carcasse (kgec) par habitant et par an [1]. Depuis 2012, la consommation globale est en légère hausse (+ 0,5 %) avec qualitativement une baisse des bovins et ovins, et augmentation du porc et des volailles [2].
Dans le monde, la conjonction de l’accroissement de la population et de l’augmentation de la consommation dans les pays émergents a multiplié par un chiffre proche de 4 la consommation, mondiale de viande entre 1960 et 2010 [2].
En 2020, les USA sont le pays qui en consomme le plus (127 kgec/an/h), suivi par l’Australie (120), L’Argentine et la Mongolie (110), puis l’Espagne (100). Les pays qui ont la plus basse consommation sont la République Démocratique du Congo (3) et l’Inde (4,5).
Le site Our World in Data [3] qui fournit ces chiffres donne aussi ceux des autres produits animaux ; œufs, produits laitiers, poissons.

Références
1. FranceAgriMer : La consommation de viandes en France en 2022
2. Lanutrition.fr : Viande : est-ce que notre consommation diminue ?
3. Our World in Data : Meat and Dairy Production

Des nanoplastiques dans l’eau en bouteille

Les microplastiques, notamment issus des filtres de cigarette, des textiles et des produits cosmétiques, sont une composante de la pollution de l’environnement où ils s’accumulent (1). À la fois invisibles et aux conséquences biologiques encore inconnues, ils sont particulièrement préoccupants.
Les bouteilles en PET contenant de l’eau de source sont déjà mises en cause pour un possible relargage d’antimoine, notamment si les bouteilles sont réutilisées. Des microplastiques (entre plusieurs centaines de nanomètres et 5 mm ) ont été détectés dans la majorité des bouteilles d’eau analysées (nylon provenant probablement de filtres en plastique utilisés pour purifier l’eau, et polypropylène, polyéthylène et polyéthylène terephtalate qui composent la bouteille et son bouchon), dans des quantités généralement faibles, variables selon les études (2).
Une nouvelle recherche publiée en janvier 2024 (3) a utilisé une technique plus performante détectant les nanoparticules, dont la taille est inférieure au micromètre (1 000 nanomètres). Les résultats sont d’un autre ordre, au moins 100 fois plus que les valeurs habituellement mesurées : en moyenne 240 000 particules par litre dont 90 % de nanoplastiques et 10% de microplastiques.
Les nanoplastiques peuvent entrer dans le système sanguin et donc jusque dans les organes, dont le cerveau et le cœur, ce qui est particulièrement préoccupant du fait que les conséquences à long terme sont encore inconnues.
Les chercheurs ont pour objectif d’analyse l’eau de distribution courante (robinet), qui devrait a priori en contenir aussi vu qu’il y en a partout, mais en moindre quantité du fait de l’absence de relargage direct par ses contenants.
C’est un argument de plus qui nous amène à revoir la consommation d’eau en bouteille, certes nécessaire dans certaines circonstances pour assurer une hydratation suffisante, mais écologiquement désastreuse et potentiellement porteuse de composants néfastes pour la santé. Pour une grande partie de la consommation de ces bouteilles, il existe des alternatives, collectivement des fontaines à eau, individuellement un système de filtration à domicile et le transport dans une gourde en verre ou en inox.

Référence :
1. ONU –  Les microplastiques : l’héritage au long cours de la pollution plastique
2. Agir pour l’environnement : nous buvons du plastique
3. Naixin Qian & al : Rapid single-particle chemical imaging of nanoplastics by SRS microscopy – PNAS janvier 2024, 121 (3) : e2300582121

Aliments ultratransformés et cancer colo-rectal

Le cancer colorectal occupe la troisième position dans la hiérarchie des cancers en France. Son développement plutôt lent à partir de polypes permet un dépistage efficace par coloscopie tous les 5 ans chez les personnes considérées comme à risque. Des méthodes moins invasives sont parfois proposées :  recherche de sang dans les selles, coloscanner, sigmoïdoscopie qui n’explore que la partie terminale du côlon, utilisation de caméra pilules qui traversent le tube digestif… avec rien de vraiment satisfaisant, ces méthodes ne parvenant pas à démontrer un réel bénéfice sur la mortalité toutes causes confondues.
Il y a une prédisposition génétique bien établie pour ce cancer, c’est pourquoi le dépistage par coloscopie est recommandé si un ascendant direct a été atteint de ce cancer. il y a aussi des facteurs liés au mode de vie : le manque d »activité physique, le surpoids, la consommation excessive d’alcool, de viande rouge et de produits animaux transformés [1].
Une recherche sur l’impact de la consommation de produits ultra-transformés effectuée aux USA sur 200 000 personnes ( 50 000 hommes – 150 000 femmes) avec un suivi de 25 ans, a montré que les hommes consommant le plus d’aliments ultra-transformés, et en particulier à base de viande/volailles/fruits de mer, ainsi que des boissons sucrées de type soda, avaient un  risque accru de 29% de développer un cancer colorectal. En revanche, pas de surrisque démontré chez les femmes ! [2]
Les auteurs tentent d’expliquer cela par un choix de meilleure qualité chez les femmes, mais cela démontre surtout que ce genre d’étude sur les effets d’un mode alimentaire déclaré par les participants a souvent bien peu d’intérêt. La complexité de l’alimentation de chaque sujet, associée à celle des bénéfices et inconvénients nutritionnels qui varie selon les organismes rend les études statistiques bien peu adaptées. Celles-ci de font souvent qu’embrouiller en empilant des informations contradictoires.
On sait aujourd’hui que les aliments ultratransformés sont globalement néfastes sur la santé, et la nature de leur impact spécifique sur telle ou et elle maladie ne change rien à cela.

Références
1. D. E. O’Sullivan & al : Risk Factors for Early-Onset Colorectal Cancer: A Systematic Review and Meta-analysis – Clinical Gastroenterology and Hepatology, 2022, 20(6) : 1229-1240
2. Lu Wang & al : Association of ultra-processed food consumption with colorectal cancer risk among men and women: results from three prospective US cohort studies – BMJ, 2022,378:e068921

 

Chocolat et métaux toxiques : faut-il s’alarmer ?

Actualité du 6/01/23
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Parmi les plaisirs addictifs, le chocolat est celui qui a la meilleure réputation. Avec une faible proportion de sucres ajoutés, il est même considéré comme un atout santé, étayé pour cela par de nombreuses publications.
La présence de cadmium, à des niveaux variables selon l’origine du cacao, est connue depuis longtemps, avec une certaine discrétion.
La difficulté est qu’il est impossible de connaître le niveau de contamination de ce que l’on consomme, parce que les origines ne sont pas précisées sur les produits vendus, et que le cacao utilisé par les chocolatiers change probablement selon les aléas du marché.
La seule solution serait de faire un contrôle analytique sur les produits finis, ce qui d’un côté serait pour les autorités sanitaires reconnaître qu’il y a un problème avec les métaux (et mettre le doigt dans un engrenage imprévisible), et de l’autre mettre le doute sur les consommateurs.
Pour y voir plus clair, une organisation américaine de consommateurs, Consumer Reports, a analysé les teneurs en cadmium et en plomb de 28 tablettes de chocolat de diverses marques et les résultats confirment la grande hétérogénéité. Les produits biologiques ne sont pas plus sûrs. La seule marque courante en Europe testée (Lindt) contient des niveaux élevés de Cadmium et de plomb.
Alors que faire ?
La recommandation de consommer du chocolat pauvre en cacao (donc riche en sucre) est une solution qui crée un autre problème.
Il est plus logique en nutrition santé d’augmenter la diversité pour cumuler les avantages et diluer les inconvénients. Les produits antioxydants courants considérés comme source de plaisir n’ont pas les mêmes inconvénients : café (excitant déminéralisant), thé (fluor), vin rouge (alcool), cacao (cadmium, plomb)… Des quantités modérées de chacun cumulées contribuent à la défense antioxydante en limitant les inconvénients.

Références :
Article psychomédia
Analyse consumer reports

Mise à jour 28/12/23
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Un an après le rapport de Consumer Reports, les choses ont peu évolué.
Il est clair aujourd’hui que la présence de cadmium dépend de la zone de culture du cacao, et ce sont les origines latino-américaines (Équateur, Colombie…) qui posent le plus de problèmes.
Le plomb, très faible dans les fèves de cacao récoltées semble donc s’intégrer lors de processus qui conduisent à la formation de chocolat.
La réglementation adoptée en 2019 par l’union européenne et la suisse, protège en principe contre la commercialisation de cacao contenant des teneurs élevées en cadmium (> 0,8 mg/kg) mais comment cela peut-il s’appliquer concrètement ? La solution serait évidemment que les industriels du cacao fournissent une information analytique sur la teneur en Cadmium et plomb de leur produit fini, Actuellement, rien ne les y oblige et aucun ne le fait.
Dans la situation actuelle, il y a cependant peu de raison de s’alarmer. Les seuils fixés lors de l’analyse de Consumer Reports sont plus bas que ceux habituellement considérés, et la portion quotidienne estimée à 1/3 de tablette, ce qui amplifie le niveau d’alarme. Le cacao commercialisé en Europe provient majoritairement d’Afrique et soit répondre à une réglementation protectrice. Une consommation raisonnable, que l’on peut estimer à 20 g par jour(1/5 de tablette) est une garantie supplémentaire.

Référence :
Fèves de cacao: Exigences de qualité de l’industrie du chocolat et du cacao
Réglementation sur le cadmium et le plomb page 22-23