Effets néfastes du sucre lors de la petite enfance

Il y a de multiples raisons de ne pas apporter de sucres ajoutés à l’alimentation au cours de l’enfance, et particulièrement lors des 1 000 premiers jours.
Une évaluation sans précédent effectuée au Royaume Uni a permis de confirmer l’impact sur la santé à long terme. Dans ce pays, le rationnement du sucre instauré pendant la guerre n’a été levé qu’en 1953, et cela a conduit à un doublement de la consommation. En analysant le devenir des personnes nées avant et après cette levée de rationnement, il apparaît clairement que la disponibilité du sucre, et donc sa consommation plus importante, augmente de manière significative le diabète de type II (+ 20%) et l’hypertension (+ 35%).
L’étude portant sur 60 000 sujets a montré une corrélation entre la durée d’exposition à l’abondance sucrée pendant la gestation et au cours de la petite enfance, et l’incidence de ces deux pathologies.
Il ne s’agit que d’une corrélation. Le grand nombre de sujets et les conditions exceptionnelles du contexte donnent à cette étude une grande valeur, et confirme à quel point le sucre a des effets néfastes
L’évaluation de l’impact sur l’inflammation et le cancer est en projet

Référence
Gracner & al : Exposure to sugar rationing in the first 1000 days of life protected against chronic disease – Science, 31/10/2024

Conséquences néfastes de la préférence gustative pour le sucré, notamment vis-à-vis des troubles anxio-dépressifs

Une enquête sur 180 000 personnes utilisant l’intelligence artificielle a permis de différencier trois profils de préférences alimentaires.
– Les personnes soucieuses de leur santé qui privilégient les fruits et légumes aux aliments d’origine animale et sucrés.
– Les personnes qui aiment et consomment la plupart des aliments
– Les personnes qui ont une nette préférence sucrée et consomment peu de fruits et légumes

Sans surprise, les personnes qui ont la préférence sucrée ont une incidence plus élevée de la plupart des maladies, avec un effet marque sur l’anxiété, la dépression, la démence, et diverses maladies chroniques. Il n’apparaît pas de différence sur les cancers.
La différence entre ceux qui évitent le sucre, et ceux qui l’introduise dans une alimentation diversifiée est moins marquée et varie selon les pathologies. Concernant l’endométriose, seul le groupe qui évite le sucre tire un avantage significatif.

Référence :
H F Navratilova et al : Artificial intelligence driven definition of food preference endotypes in UK Biobank volunteers is associated with distinctive health outcomes and blood based metabolomic
and proteomic profiles
– Journal of Translational Medicine, 2024, 22:881

Du mercure dans le thon en boîte, les données enfin éclaircies

La présence de hauts niveaux de méthyl-mercure dans les poissons situés en bout de chaîne alimentaire (espadon, thon, brochet…) est connue depuis longtemps, et la recommandation d’en limiter la consommation a été clairement énoncée. Parmi les espèces de thon, le thon blanc
Sur le thon en boîte, la forme de poisson le plus consommée, règne depuis longtemps un certain flou, entretenu par l’absence de contrôle et de mention obligatoire, et la notion d’une grande diversité selon l’origine du thon mis en conserve. Deux ONG, Bloom et Foodwatch, ont tiré la sonnette d’alarme depuis qu’une analyse aléatoire dans 5 pays européens sur 148 boîtes de thon a révélé que toutes contenaient du mercure, avec une grande diversité : entre 0,10 et 3,85, soit un facteur de 1 à 35 !
Plus de la moitié dépassait 0,3 mg/kg, ce qui correspond à la teneur maximale fixée en Europe (1 mg/kg de poisson frais).
Les ONG condamnent le fait que la réglementation ne différencie pas le poisson frais et en conserve, et ainsi, un thon en boîte qui contient 1 mg/kg correspond à du poisson frais à 3 mg/kg, soit trois fois plus que le seuil. Mais cela n’a pas tant d’importance, car la portion consommée en poids est en moyenne 3 fois moindre pour les conserves, et ce qui compte pour le mercure, c’est la quantité ingérée par semaine, ne devant pas dépasser 1,6 µg/kg, soit pour un adulte de 60 kg 100 µg/semaine.

Si on suppose un lot de thon frais contenant le maximum admis, c’est-à-dire 1 mg/kg :
– Une portion habituelle de 150 g de thon frais à 1 mg/kg : 150 µg
– Une portion habituelle de 50 g de thon en boîte à 3 mg/kg : 150 µg
Que l’on consomme du thon frais ou en boîte, si l’on est dans les portions habituelles, l’apport est a priori le même. La différence est que le thon consommé frais est habituellement rouge, donc moins contaminé que le blanc que l’on trouve en boîte.
En fait, ce qui pose vraiment problème, c’est ce facteur de 1 à 38 selon les lots de poissons. On peut ainsi avec une portion hebdomadaire apporter de 5 µg à 190 µg de mercure, soit 5 % à 190 % de la dose maximale tolérée. La seule solution pour sécuriser la consommation du thon en boîte serait que les lots soient analysés avec indication sur l’étiquette de la teneur en mercure. Il suffirait pour cela d’une décision réglementaire, qui se heurte, on peut l’imaginer, à un lobbying puissant.

Références :
1. Contamination du thon par le mercure (Bloom)
2. Résultats détaillés de l’étude sur148 boîtes de thon

Des PFAS dans les produits de la mer

Les PFAS sont des composés de synthèse caractérisés par des liaisons carbone-fluor très stables, avec une longue persistance dans l’environnement et dans les organismes, ce qui les qualifie de polluants éternels. Ils ont été détectés à l’échelle mondiale dans les eaux, les sols et les organismes vivants.
Le PFAS le plus connu est le PTFE (polytétrafluoroéthylène) dont le nom commercial est le Teflon®, longtemps utilisé pour rendre les poêles antiadhésives est aujourd’hui interdit. On trouve d’autres PFAS dans les emballages alimentaires en papier ou carton (notamment ceux ces fast-foods), dans les produits imperméabilisants et antitaches des textiles, certaines peintures et certains produits ménagers et cosmétiques.

Qu’en est-il des apports alimentaires ? Ils augmentent progressivement dans les organismes animaux qui y sont exposés et les accumulent.
Une recherche dans l’État du New Hampshire (États-Unis) a quantifié des PFAS dans les produits marins (morue, aiglefin, homard, saumon, pétoncle, crevette et thon), avec une corrélation avec les habitudes alimentaires locales pour quantifier les apports quotidiens. Les chercheurs ont identifié 26 variétés de PFAS, avec des concentrations variables selon les espèces, les plus élevées étant dans les crevettes et les homards (1).
La contamination des animaux marins commence près des côtes. Les PFAS s’accumulant dans les organismes, comme le mercure, ils se répandent ensuite par la chaîne alimentaire.

Les effets néfastes les PFAS sont encore mal connus. Les données actuelles font suspecter un effet sur la cancérisation, des perturbations hormonales, et une dégradation de la fonction immunitaire.

La présence de métaux toxiques (mercure, cadmium, plomb), de polluants organiques (PCB) et de microplastiques est déjà connue dans les aliments d’origine marine. Les PFAS s’y ajoutent et la liste n’est probablement pas close. Doit-on pour autant s’abstenir des produits de la mer, qui ont par ailleurs de réels atouts nutritionnels et gastronomiques ? L’évaluation bénéfices/risques est difficile à fixer, et c’est donc un choix qui revient à chacun, selon ses objectifs et ses goûts.
Dans tous les cas diverses raisons écologiques et sanitaires, nous invitent à limiter cette consommation. Trois fois par semaine en variant les produits semblent un seuil raisonnable, permettant des apports nutritionnels utiles avec un risque limité.
Ne consommer aucun toxique est aujourd’hui illusoire si l’on veut conserver la diversité alimentaire seule garante de la satisfaction de tous les besoins. Nous vivons dans un monde contaminé pour longtemps et nos organismes seront tôt ou tard contraints à s’y habituer.

Référence
1. Crawford et al :  Patterns of Seafood Consumption Among New Hampshire Residents Suggest Potential Exposure to Per- and Polyfluoroalkyl Substances – Exposure and Health. 2024.

 

Alimentation et psychisme : des précisions éclairantes

Le lien entre l’alimentation et l’état psychique est désormais admis, avec diverses préconisations pour améliorer la biosynthèse de neuromédiateurs (sérotonine, dopamine) qui reposent davantage sur une logique métabolique que des essais contrôlés.
Une publication de l’université Reading [1] apporte un éclairage nouveau avec l’analyse de l’activité des neurotransmetteurs et de la structure du lobe frontal du cerveau mise en lien avec la qualité de l’alimentation, chez 30 volontaires.
Il est apparu qu’une alimentation moderne riche en sucres et graisses saturées favorise une augmentation du rapport glutamate/GABA et une diminution du volume de matière grise de la partie frontale du cerveau. Ces changements sont associés à une tendance à la rumination mentale que l’on retrouve dans la dépression et l’anxiété.
Plusieurs mécanismes liés au métabolisme des neuromédiateurs et au microbiote expliquent une augmentation du glutamate cérébral (excitateur de l’activité cérébrale) associée à une diminution du GABA (inhibiteur).
Il serait bien sûr illusoire qu’un simple changement alimentaire puisse résoudre un problème de dépression ou d’anxiété. C’est en revanche un atout important dans un programme de changement durable associant psychothérapie et optimisation du mode de vue pour une meilleure santé psychique.

Référence :
1. Piril Hepsomali & al : Adherence to unhealthy diets is associated with altered frontal gamma-aminobutyric acid and glutamate concentrations and grey matter volume: preliminary findings – Nutritional Neuroscience, mai 2024

 

Consommation de viande : la réduction se fait attendre !

Pour la santé de la planète, de l’humanité et pour le bien-être animal, la baisse de consommation de produits animaux et plus particulièrement de viande est une solution nécessaire. On pourrait penser qu’avec la prise de conscience du dérèglement climatique et le développement du végétarisme, la baisse de consommation soit perceptible, notamment en France.
Le rapport de FranceAgriMer sur la consommation de viandes en 2022 par la population française confirme un redressement après des années de fluctuations à un niveau qui reste élevé : 80 à 85 kg équivalents carcasse (kgec) par habitant et par an [1]. Depuis 2012, la consommation globale est en légère hausse (+ 0,5 %) avec qualitativement une baisse des bovins et ovins, et augmentation du porc et des volailles [2].
Dans le monde, la conjonction de l’accroissement de la population et de l’augmentation de la consommation dans les pays émergents a multiplié par un chiffre proche de 4 la consommation, mondiale de viande entre 1960 et 2010 [2].
En 2020, les USA sont le pays qui en consomme le plus (127 kgec/an/h), suivi par l’Australie (120), L’Argentine et la Mongolie (110), puis l’Espagne (100). Les pays qui ont la plus basse consommation sont la République Démocratique du Congo (3) et l’Inde (4,5).
Le site Our World in Data [3] qui fournit ces chiffres donne aussi ceux des autres produits animaux ; œufs, produits laitiers, poissons.

Références
1. FranceAgriMer : La consommation de viandes en France en 2022
2. Lanutrition.fr : Viande : est-ce que notre consommation diminue ?
3. Our World in Data : Meat and Dairy Production