Consommation de viande : la réduction se fait attendre !

Pour la santé de la planète, de l’humanité et pour le bien-être animal, la baisse de consommation de produits animaux et plus particulièrement de viande est une solution nécessaire. On pourrait penser qu’avec la prise de conscience du dérèglement climatique et le développement du végétarisme, la baisse de consommation soit perceptible, notamment en France.
Le rapport de FranceAgriMer sur la consommation de viandes en 2022 par la population française confirme un redressement après des années de fluctuations à un niveau qui reste élevé : 80 à 85 kg équivalents carcasse (kgec) par habitant et par an [1]. Depuis 2012, la consommation globale est en légère hausse (+ 0,5 %) avec qualitativement une baisse des bovins et ovins, et augmentation du porc et des volailles [2].
Dans le monde, la conjonction de l’accroissement de la population et de l’augmentation de la consommation dans les pays émergents a multiplié par un chiffre proche de 4 la consommation, mondiale de viande entre 1960 et 2010 [2].
En 2020, les USA sont le pays qui en consomme le plus (127 kgec/an/h), suivi par l’Australie (120), L’Argentine et la Mongolie (110), puis l’Espagne (100). Les pays qui ont la plus basse consommation sont la République Démocratique du Congo (3) et l’Inde (4,5).
Le site Our World in Data [3] qui fournit ces chiffres donne aussi ceux des autres produits animaux ; œufs, produits laitiers, poissons.

Références
1. FranceAgriMer : La consommation de viandes en France en 2022
2. Lanutrition.fr : Viande : est-ce que notre consommation diminue ?
3. Our World in Data : Meat and Dairy Production

Des nanoplastiques dans l’eau en bouteille

Les microplastiques, notamment issus des filtres de cigarette, des textiles et des produits cosmétiques, sont une composante de la pollution de l’environnement où ils s’accumulent (1). À la fois invisibles et aux conséquences biologiques encore inconnues, ils sont particulièrement préoccupants.
Les bouteilles en PET contenant de l’eau de source sont déjà mises en cause pour un possible relargage d’antimoine, notamment si les bouteilles sont réutilisées. Des microplastiques (entre plusieurs centaines de nanomètres et 5 mm ) ont été détectés dans la majorité des bouteilles d’eau analysées (nylon provenant probablement de filtres en plastique utilisés pour purifier l’eau, et polypropylène, polyéthylène et polyéthylène terephtalate qui composent la bouteille et son bouchon), dans des quantités généralement faibles, variables selon les études (2).
Une nouvelle recherche publiée en janvier 2024 (3) a utilisé une technique plus performante détectant les nanoparticules, dont la taille est inférieure au micromètre (1 000 nanomètres). Les résultats sont d’un autre ordre, au moins 100 fois plus que les valeurs habituellement mesurées : en moyenne 240 000 particules par litre dont 90 % de nanoplastiques et 10% de microplastiques.
Les nanoplastiques peuvent entrer dans le système sanguin et donc jusque dans les organes, dont le cerveau et le cœur, ce qui est particulièrement préoccupant du fait que les conséquences à long terme sont encore inconnues.
Les chercheurs ont pour objectif d’analyse l’eau de distribution courante (robinet), qui devrait a priori en contenir aussi vu qu’il y en a partout, mais en moindre quantité du fait de l’absence de relargage direct par ses contenants.
C’est un argument de plus qui nous amène à revoir la consommation d’eau en bouteille, certes nécessaire dans certaines circonstances pour assurer une hydratation suffisante, mais écologiquement désastreuse et potentiellement porteuse de composants néfastes pour la santé. Pour une grande partie de la consommation de ces bouteilles, il existe des alternatives, collectivement des fontaines à eau, individuellement un système de filtration à domicile et le transport dans une gourde en verre ou en inox.

Référence :
1. ONU –  Les microplastiques : l’héritage au long cours de la pollution plastique
2. Agir pour l’environnement : nous buvons du plastique
3. Naixin Qian & al : Rapid single-particle chemical imaging of nanoplastics by SRS microscopy – PNAS janvier 2024, 121 (3) : e2300582121

Aliments ultratransformés et cancer colo-rectal

Le cancer colorectal occupe la troisième position dans la hiérarchie des cancers en France. Son développement plutôt lent à partir de polypes permet un dépistage efficace par coloscopie tous les 5 ans chez les personnes considérées comme à risque. Des méthodes moins invasives sont parfois proposées :  recherche de sang dans les selles, coloscanner, sigmoïdoscopie qui n’explore que la partie terminale du côlon, utilisation de caméra pilules qui traversent le tube digestif… avec rien de vraiment satisfaisant, ces méthodes ne parvenant pas à démontrer un réel bénéfice sur la mortalité toutes causes confondues.
Il y a une prédisposition génétique bien établie pour ce cancer, c’est pourquoi le dépistage par coloscopie est recommandé si un ascendant direct a été atteint de ce cancer. il y a aussi des facteurs liés au mode de vie : le manque d »activité physique, le surpoids, la consommation excessive d’alcool, de viande rouge et de produits animaux transformés [1].
Une recherche sur l’impact de la consommation de produits ultra-transformés effectuée aux USA sur 200 000 personnes ( 50 000 hommes – 150 000 femmes) avec un suivi de 25 ans, a montré que les hommes consommant le plus d’aliments ultra-transformés, et en particulier à base de viande/volailles/fruits de mer, ainsi que des boissons sucrées de type soda, avaient un  risque accru de 29% de développer un cancer colorectal. En revanche, pas de surrisque démontré chez les femmes ! [2]
Les auteurs tentent d’expliquer cela par un choix de meilleure qualité chez les femmes, mais cela démontre surtout que ce genre d’étude sur les effets d’un mode alimentaire déclaré par les participants a souvent bien peu d’intérêt. La complexité de l’alimentation de chaque sujet, associée à celle des bénéfices et inconvénients nutritionnels qui varie selon les organismes rend les études statistiques bien peu adaptées. Celles-ci de font souvent qu’embrouiller en empilant des informations contradictoires.
On sait aujourd’hui que les aliments ultratransformés sont globalement néfastes sur la santé, et la nature de leur impact spécifique sur telle ou et elle maladie ne change rien à cela.

Références
1. D. E. O’Sullivan & al : Risk Factors for Early-Onset Colorectal Cancer: A Systematic Review and Meta-analysis – Clinical Gastroenterology and Hepatology, 2022, 20(6) : 1229-1240
2. Lu Wang & al : Association of ultra-processed food consumption with colorectal cancer risk among men and women: results from three prospective US cohort studies – BMJ, 2022,378:e068921

 

Chocolat et métaux toxiques : faut-il s’alarmer ?

Actualité du 6/01/23
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Parmi les plaisirs addictifs, le chocolat est celui qui a la meilleure réputation. Avec une faible proportion de sucres ajoutés, il est même considéré comme un atout santé, étayé pour cela par de nombreuses publications.
La présence de cadmium, à des niveaux variables selon l’origine du cacao, est connue depuis longtemps, avec une certaine discrétion.
La difficulté est qu’il est impossible de connaître le niveau de contamination de ce que l’on consomme, parce que les origines ne sont pas précisées sur les produits vendus, et que le cacao utilisé par les chocolatiers change probablement selon les aléas du marché.
La seule solution serait de faire un contrôle analytique sur les produits finis, ce qui d’un côté serait pour les autorités sanitaires reconnaître qu’il y a un problème avec les métaux (et mettre le doigt dans un engrenage imprévisible), et de l’autre mettre le doute sur les consommateurs.
Pour y voir plus clair, une organisation américaine de consommateurs, Consumer Reports, a analysé les teneurs en cadmium et en plomb de 28 tablettes de chocolat de diverses marques et les résultats confirment la grande hétérogénéité. Les produits biologiques ne sont pas plus sûrs. La seule marque courante en Europe testée (Lindt) contient des niveaux élevés de Cadmium et de plomb.
Alors que faire ?
La recommandation de consommer du chocolat pauvre en cacao (donc riche en sucre) est une solution qui crée un autre problème.
Il est plus logique en nutrition santé d’augmenter la diversité pour cumuler les avantages et diluer les inconvénients. Les produits antioxydants courants considérés comme source de plaisir n’ont pas les mêmes inconvénients : café (excitant déminéralisant), thé (fluor), vin rouge (alcool), cacao (cadmium, plomb)… Des quantités modérées de chacun cumulées contribuent à la défense antioxydante en limitant les inconvénients.

Références :
Article psychomédia
Analyse consumer reports

Mise à jour 28/12/23
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Un an après le rapport de Consumer Reports, les choses ont peu évolué.
Il est clair aujourd’hui que la présence de cadmium dépend de la zone de culture du cacao, et ce sont les origines latino-américaines (Équateur, Colombie…) qui posent le plus de problèmes.
Le plomb, très faible dans les fèves de cacao récoltées semble donc s’intégrer lors de processus qui conduisent à la formation de chocolat.
La réglementation adoptée en 2019 par l’union européenne et la suisse, protège en principe contre la commercialisation de cacao contenant des teneurs élevées en cadmium (> 0,8 mg/kg) mais comment cela peut-il s’appliquer concrètement ? La solution serait évidemment que les industriels du cacao fournissent une information analytique sur la teneur en Cadmium et plomb de leur produit fini, Actuellement, rien ne les y oblige et aucun ne le fait.
Dans la situation actuelle, il y a cependant peu de raison de s’alarmer. Les seuils fixés lors de l’analyse de Consumer Reports sont plus bas que ceux habituellement considérés, et la portion quotidienne estimée à 1/3 de tablette, ce qui amplifie le niveau d’alarme. Le cacao commercialisé en Europe provient majoritairement d’Afrique et soit répondre à une réglementation protectrice. Une consommation raisonnable, que l’on peut estimer à 20 g par jour(1/5 de tablette) est une garantie supplémentaire.

Référence :
Fèves de cacao: Exigences de qualité de l’industrie du chocolat et du cacao
Réglementation sur le cadmium et le plomb page 22-23

 

Les médicaments analogues du GLP-1 pour maigrir : espoir et illusions

Le GLP-1 (glucagon like peptide 1) est une incrétine, c’est-à-dire hormone intestinale sécrétée par le tube digestif. Il a différents effets sur le métabolisme glucidique, un effet anorexigène central, et un ralentissement de la vidange gastrique. Sa durée de vie est courte, son activité est donc liée au niveau de sa sécrétion, régulée en fonction des besoins.
Plusieurs médicaments ayant à la fois une activité analogue au GLP-1 et une durée de vie plus longue sont aujourd’hui disponibles : semaglutide (Wegovy®, Ozempic®) ; liraglutide (Victoza®, saxenda®) ; exénatide (Bydureon®) ; dulaglutide (Trulicity®).
Le tirzépatide (Monjaro®) est un double agoniste : GLP-1 et GIP (polypeptide insulinotrope dépendant du glucose)
Tous ces produits sont  de structure peptidique, digestible, et doivent donc être administrés par voie injectable, avec une injection hebdomadaire.
Certaines spécialités, indépendamment de la nature de la molécule, sont indiqués dans le traitement du diabète de type 2 avec un remboursement en parte par l’assurance maladie en France (Ozempic®, Victoza®), alors que d’autres sont directement ciblés sur le surpoids, soumis également à ordonnance mais non remboursés (Wegovy®, Saxenda®). Les molécules étant les mêmes, on peut imaginer des détournements d’indication comme cela a été le cas pour Médiator®.
Les études comparatives tentent de déterminer une hiérarchie dans le niveau d’activité, avec toutes les limites de ce type d’études lorsqu’elles sont financées par les industriels. La tendance actuelle est tirzépatide > sémaglutide > liraglutide
Le coût des produits destinés à la perte de poids dépasse 200 € par mois.
Pour l’amaigrissement, les résultats obtenus sont variables selon les personnes, généralement une perte de 10 à 20 % en une année, avec généralement une reprise à l’arrêt du traitement. Environ 10 % des sujets ne régissent pas au traitement, totalement inefficace pour eux
Certains effets secondaires sont courants : nausées, vomissements, diarrhée, douleurs à l’estomac, fatigue, hypoglycémies… d’autant plus marqués que le produit est efficace. D’autres conséquences plus rares, mais sont aussi plus graves.

Début 2023, plusieurs centaines de milliers d’Américains prennent du Wegovy®, ce qui a conduit le producteur à limiter sa diffusion aux nouveaux utilisateurs pour ne laisser démunis ceux qui ont commencé par une rupture de stock. C’est en effet un traitement qui ne suspend pas, au risque de reprise rapide du poids perdu, voire plus par mécanisme de balancier. Malgré les échecs connus et reconnus des médicaments précédemment utilisés pour contrôler la perte de poids, l’espoir est toujours là de pouvoir régler le problème par un traitement, malgré le prix élevé et malgré la voie injectable.

Et les choses ne s’arrêtent pas là. Un article de Nature (1) reprenant une publication du NEJM (2) à propos des essais de phases II de deux nouveaux médicaments de la même famille des agonistes GPL-1, l’orforglipron et le rétatrutide, évoque que ces produits, bien plus intéressants, pourraient bien supplanter les autres.
– Orforglipron n’est pas une structure peptidique et peut se prendre par voie orale (comprimé)
– Rétatrutide, triple agoniste, agit sur tous les participants, avec un minimum de 5 % de perte de poids, et une moyenne de 25 % !
Une meilleure efficacité ou une plus grande facilité de prise ne changent pas le principe d’action de ces produits, ils modifient par une pression extérieure de point de référence du cerveau qui détermine le niveau de stockage. Une fois la pression relâchée, celui revient à son niveau spontané, voire au-delà par effet balancier. Une gestion durable du poids par un médicament implique toujours un traitement continu, avec le risque d’accoutumance qui demanderait alors d’augmenter les doses.
Les plus grands bénéficiaires sont sans équivoque ceux qui vendent les produits.

Références
1. Saima Sidik : Beyond Ozempic: brand-new obesity drugs will be cheaper and more effective – Nature news : 26 juin 2023
2. Ania M. Jastreboff & al :Triple–Hormone-Receptor Agonist Retatrutide for Obesity — A Phase 2 Trial – NEJM juin 2023

Les tests respiratoires sont-ils utiles pour le diagnostic du syndrome du côlon irritable ?

Le syndrome du côlon (ou de l’intestin) irritable, SII ou IBS (irritable bowel syndrome) diagnostiqué selon les critères de Rome touche selon les estimations 4 à 10 % de la population. Il n’y a pas de modèle physiopathologique clair, on connaît seulement les facteurs qui contribuent à sa manifestation dans une causalité polyfactorielle : hypersensibilité viscérale, perturbation des interactions intestin-cerveau notamment liée aux états de stress ou d’anxiété, désynchronisation de la motilité gastro-intestinale et altérations du microenvironnement intestinal, notamment du microbiote. Les ballonnements sont liés à un défaut d’évacuation des gaz lié ou non à un excès de production.
Les tests respiratoires qui mesurent l’augmentation de l’élimination de gaz (hydrogène et méthane principalement) après administration de glucose (75 g) ou de lactulose (10 g), sont de plus en plus préconisés comme technique non invasive de diagnostic des troubles fonctionnels intestinaux.

Une revue systématique des bases de données Medline et Cochrane a rassemblé 10 articles sur l’intérêt des tests respiratoires dans le diagnostic du SII (1). Il en ressort que :
– Le test au lactulose est nettement plus performant que celui au glucose, et la mesure de l’hydrogène expiré plus performante que celle du méthane.
– Le test au lactulose est positif dans environ 50 % des SII, sans corrélation entre la quantité d’hydrogène mesuré et la sévérité des symptômes. Le test au méthane est positif dans environ 1/3 des SII. Le % de tests positifs chez des sujets sans SII n’étant pas déterminé, il est impossible de définir une valeur diagnostic, qui compte tenu des données déjà disponibles est forcément faible.

En fait, les tests respiratoires mesurant les gaz de fermentation sont avant tout corrélés avec une prolifération microbienne dans l’intestin grêle (SIBO), qui est présente dans certains syndromes du côlon irritables, sans en être une composante constante.
Toute la question est alors de définir l’intérêt pathologique du SIBO, qui n’est pas consensuel.
Les inconforts digestifs assimilables au syndrome du côlon irritable, avec ou sans diagnostic selon les critères de Rome, sont multifactoriels et ont avantage à être pris en charge dans une démarche intégrative qui considère la santé intestinale, l’alimentation et les aspects psychologiques. Elle associe un accompagnement de fond à visée durable sur le mode de vie, et des traitements naturels (phytothérapie et l’aromathérapie) pour soulager les symptômes lors des crises.

Référence :
1. Valencia Ru-Yan Zhang & al : Volatile organic compounds as potential biomarkers of irritable bowel syndrome: A systematic review – Neurogastroenterology & Motility mars 2023