Chocolat et métaux toxiques, un sujet dérangeant
- Publié le 13/01/2023
Parmi les plaisirs addictifs, le chocolat est celui qui a la meilleure réputation. Avec une faible proportion de sucres ajoutés, il est même considéré comme un atout santé, étayé pour cela par de nombreuses publications.
La présence de cadmium, à des niveaux variables selon l’origine du cacao, est connue depuis longtemps, avec une certaine discrétion.
La difficulté est qu’il est impossible de connaître le niveau de contamination de ce que l’on consomme, parce que les origines ne sont pas précisées sur les produits vendus, et que le cacao utilisé par les chocolatiers change probablement selon les aléas du marché.
La seule solution serait de faire un contrôle analytique sur les produits finis, ce qui d’un côté serait pour les autorités sanitaires reconnaître qu’il y a un problème avec les métaux (et mettre le doigt dans un engrenage imprévisible), et de l’autre mettre le doute sur les consommateurs.
Pour y voir plus clair, une organisation américaine de consommateurs, Consumer Reports, a analysé les teneurs en cadmium et en plomb de 28 tablettes de chocolat de diverses marques et les résultats confirment la grande hétérogénéité. Les produits biologiques ne sont pas plus sûrs. La seule marque courante en Europe testée (Lindt) contient des niveaux élevés de Cadmium et de plomb.
Alors que faire ?
La recommandation de consommer du chocolat pauvre en cacao (donc riche en sucre) est une solution qui crée un autre problème.
Il est plus logique en nutrition santé d’augmenter la diversité pour cumuler les avantages et diluer les inconvénients. Les produits antioxydants courants considérés comme source de plaisir n’ont pas les mêmes inconvénients : café (excitant déminéralisant), thé (fluor), vin rouge (alcool), cacao (cadmium, plomb)… Des quantités modérées de chacun cumulées contribuent à la défense antioxydante en limitant les inconvénients.
Références :
Article psychomédia
Analyse consumer reports
Les moules en silicone sont-ils sécures ?
- Publié le 06/12/2022
Le relargage de composés toxiques par les différents matériaux utilisés en cuisine est une question récurrente.
Les silicones sont des produits technologiques formés d’une chaîne silicium oxygène avec divers groupements fixés sur le silicium. C’est une base relativement inerte et reconnue sans danger, qui a donné des applications médicales dans le domaine des prothèses. Selon l’usage recherché, la composition est différente et des additifs peuvent être ajoutés.
Deux types de matériaux sont utilisés pour les moules de cuisine : la silicone platinium, et la silicone peroxyde. Le premier est la plus haute qualité, coûteuse, théoriquement stable jusqu’à 260°C, alors le second, plus économique, peut être utilisé jusqu’à 230°C, avec une libération de siloxanes qui commence selon les tests, avant cette température.
Des essais réalisés par Que Choisir (1) et par 60 millions de consommateurs (2) ont montré des relargages de siloxanes, d’additifs, de colorants et de composés organiques volatils avec des toxicité potentielles. Les quantités varient de manière importante selon les marques, et les plus chers n’offrent pas la meilleure qualité. Dans l’un des essais qui compare avec le Téfflon® , ce dernier s’en sort mieux.
Références :
1. Essai Que Choisir 2022
2. Essai 60 millions de consommateurs 2019
Le curcuma peut-il être dangereux ?
- Publié le 03/07/2022
Les extraits de curcuma ont la cote, et la course technologique pour proposer des produits à curcumine hautement assimilable à conduit à une offre pléthorique (1).
Un rapport de l’Anses du 27 juin 2022 met en garde contre la consommation de complémentaires à base de curcuma, suite au recensement en Italie d’une vingtaine d’hépatites, et d’une quinzaine en France (sur un total d’une centaine de signalements pour effets indésirables).
La dose de sécurité en curcumine établie est de 180 mg par jour. Les apports alimentaires pour de gros consommateurs ne dépassent pas 30 mg quotidiens, la limite de sécurité des compléments est donc de 150 mg par jour.Ces limites, qui intègrent le niveau d’assimilation de la curcumine sous sa forme classique, qui est la meilleure dans la poudre de curcuma sont généralement respectées. Cependant, les nouvelles spécialités ont usé de moyens technologiques permettant une augmentation considérable de l’assimilation. Dans ce contexte, la limite de sécurité ne veut plus rien dire.Outre les hépatites, les autres effets secondaires relatés sont une mauvaise tolérance en cas de lésion des voies biliaires (la curcumine est fortement cholérétique), et des interactions médicamenteuses avec les anticoagulants, les anticancéreux et les immunosuppresseurs.
L’ANSES préconise d’éviter les compléments à base de curcuma en cas de pathologie des voies biliaires, de prise de médicaments précités, et recommande pour les produits technologiques de connaître la dose de sécurité en fonction des données de biodisponibilité.
Cette observation révèle comment l’industrie du complément alimentaire en cherchant, à l’instar de sa consœur pharmaceutique des produits à effet curatif puissant oublie que de tels apports non physiologiques, peuvent avoir des effets collatéraux néfastes.
Elle a fait oublier que la meilleure forme de curcuma est sa poudre, qui est un totum de plante contenant une curcumine plus assimilable que les extraits (hors technologie), et avec lesquels on peut atteindre des doses actives sans dépasser le seuil de sécurité. Pour faciliter la prise de plusieurs grammes quotidiens (3 à 12), on peut fabriquer soi-même des gélules (3).
Références :
1. Curcuma : bienfaits naturels, optimisation des effets, privatisation des profits et confusion de l’information !
2. ANSES : Des effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma
3 Althea-Provence : curcuma – anti-inflammatoire et antioxydant
Quelle alimentation pour vivre plus longtemps ?
- Publié le 03/07/2022
Cette question fait l’objet de nombreuses réponses, fondées sur des observations et études évaluant certains aspects nutritionnels de la longévité.
De manière plus synthétique mais spéculative, on admet que la nutrition santé, avec ses critères plus ou moins consensuels, augmente la durée de vie moyenne et améliore la qualité du vieillissement.
L’étude mise en avant dans n°904 de Sciences & Avenir (juin 2022) apporte une pierre solide à l’édifice, du fait de son ampleur et sa méthodologie innovante : les chercheurs ont rassemblé et comparé les résultats de dizaines d’études antérieures relatives à l’alimentation et à la longévité dans des populations des États-Unis, de Chine et d’Europe, dont la célèbre étude Global Burden of Disease Study ou GBD (2019).
Les recommandations pourraient se résumer ainsi : davantage de poissons, végétaux non transformés : graines entières, légumes, fruits, fruits à coque, moins de produits laitiers et plus de viande rouge ou viandes transformées
La comparaison fait par la revue Science & Avenir par rapport au PNNS français montre l’éviction de viandes rouges et transformées :
– Des niveaux légèrement plus bas de produits laitiers (- 20 %),
– Des niveaux équivalents en œufs, fruits à coques, viandes blanches,
– Des niveaux nettement plus élevés de légumes (x 1,3), fruits (x 2), céréales (x 2,75) et surtout légumineuses (x 7) et poissons (x 7).
Les calculs effectués, en comparant à une alimentation moyenne occidentale, donnent les prévisions de bénéfices suivants en espérance de vie :
– Changement à 20 ans : gain de plus de 10 ans
– Changement à 60 ans : gains d’environ 8 ans
– Changement à 80 ans : gain de 3,5 ans
Ce travail de grande ampleur confirme globalement les orientations habituellement préconisées en nutrition santé, avec des nuances qui peuvent être apportées permettant une adaptation individuelle au terrain et aux choix éthiques. Il apporte en pus une précision majeure : un changement est d’autant plus favorable qu’il est précoce, c’est évident, et il reste cependant fortement bénéfique s’il est plus tardif, notamment après 60 ans (et même 80 ans !)
Références :
1. L’étude GBD est la collaboration de plus de 3 600 chercheurs de 145 pays, a fourni une immense base de données à partir de laquelle diverses analyses sont possibles. Elle a fait l’objet de multiples publications
2. L.T. Fadnes & al : Estimating impact of food choices on life expectancy – A modeling stud PLOS Medicine 25 mars 2022
De la viande deux fois par jour pour ne pas manquer de fer, la préconisation irresponsable d’un médecin en position d’expert !
- Publié le 17/05/2022
Le suivi de la prise de poids et de quelques marqueurs biologiques de 8 900 enfants âgés au départ de 6 mois à 8 ans, dont environ 250 végétariens ont conduit à une publication (1) qui conclut : « Aucune preuve de différences cliniquement significatives dans la croissance ou les mesures biochimiques de la nutrition chez les enfants ayant un régime végétarien n’a été trouvée. Toutefois, le régime végétarien était associé à une probabilité plus élevée d’insuffisance pondérale ».
Les valeurs de ferritine sont en moyenne 3 % plus basses chez les enfants végétariens, c’est-à-dire sans différence significative.
Suite à la publication de cette étude, la radio France Culture a invité Patrick Tounian (chef du service de nutrition pédiatrique de l’hôpital Trousseau) pour parler du végétarisme chez les enfants (2).
Alors que l’étude qui était le point de départ montre qu’il n’y a aucun problème, l’intervenant qui visiblement ne l’a pas vraiment lue a déroulé un plaidoyer pour la consommation de viande 2 fois par jour afin d’éviter les carences en fer que le médecin prétend avoir observé par milliers. Et que les légumes, du moment qu’il y en a un peu de temps en temps, c’est secondaire ! Hallucinant !
On ne cesse de dire que les points de vue non étayés ne sont pas de la science et que seulement les études contrôlées sont une source fiable de connaissance. Et là, on permet à quelqu’un qui a la crédibilité du spécialiste de faire passer un point de vue personnel et non ce qu’une démarche scientifique vient de révéler. Et pour inciter à un comportement alimentaire qui est écologiquement irresponsable et reconnu néfaste par la majorité de la communauté scientifique.
La déficience en fer existe réellement chez de nombreuses personnes et on peut l’objectiver par un dosage de ferritine. Le fer végétal a certes un niveau d’assimilation faible, mais celui-ci s’ajuste en cas de déficience pour éviter qu’elle s’installe. Il faut pour cela une muqueuse intestinale fonctionnelle et c’est sans doute là que se situe le problème. Le mode de vie moderne avec une alimentation qui abuse des produits ultratransformés et manque de végétaux favorise la détérioration de cette muqueuse. Favoriser la santé digestive semble donc la priorité.
La viande rouge avec son fer héminique et les compléments qui contiennent tous du fer ferreux apporte du fer sous la forme Fe2+, prooxydante, agressive pour l’organisme et dont l’excès est reconnu néfaste pour la santé à long terme. Le fer végétal est certains plus difficile à assimiler mais totalement sécure et suffisant si le tube digestif est fonctionnel.
Les recommandations actuelles pour la viande rouge sont entre 0 et 2 fois par semaine.
Manger de la viande deux fois par jour est une aberration écologique, et contraire aux grands principes de nutrition santé. Un spécialiste de la nutrition infantile peut-il ignorer cela ?
À moins qu’il y ait derrière cela quelques conflits d’intérêts, vis-à-vis desquels la position de Patrick Tounian mériterait d’être éclaircie (3)
Références :
1. Laura J. Elliott & al : Vegetarian Diet, Growth, and Nutrition in Early Childhood: A Longitudinal Cohort Study – Pediatrics 2/05/2022
2.Résumé et podcast de l’intervention de Patrick Tounian sur France Culture
3. Patrick Tounian est-il indépendant dans ses propos sur la nutrition infantile ?
Ne pas tolérer le pain ou les pâtes ne se résume pas à la présence de gluten
- Publié le 15/04/2022
L’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture l’alimentation et l’environnement) et le Biocivam 11 (association des producteurs bio de l’Aude) ont lancé un programme ambitieux pour rechercher les facteurs autres que le gluten lui-même dans les intolérances non cœliaques. Il s’agit d’évaluer le niveau de tolérance en fonction de tous les facteurs qui différencient les modes de préparation du pain et des pâtes. Pour cela, ils utilisent un test d’extraction des protéines insolubles du blé (gluten) qui a été corrélé à la digestibilité.
La première étape de la recherche a hiérarchisé les facteurs qui améliorent la digestibilité.
• Pour le PAIN :
1. Utilisation du levain plutôt que la levure (Saccharomyces cerevisiae)
2. Une fermentation longue
3. Une cuisson au four à bois
4. Les variétés de blé utilisées et la mouture ont montré des différences plus faibles
• Pour les PÂTES ALIMENTAIRES
1. La variété de blé (variétés non inscrites au catalogue/variétés conventionnelle)
2. Le type de moulin (meules > cylindre)
3. La température de séchage (température ambiante > haute température)
Cette recherche confirme les facteurs déjà supposés : il est préférable d’avoir recours aux variétés anciennes de blé, de moudre avec des meules, et d’utiliser les moyens de fermentation et préparation traditionnels, plus lents et avec des t° plus basses.
Le fait marquant pour le pain est que le mode de préparation artisanal au levain est un facteur majeur, qui semble compter davantage que la variété de blé. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle car il est plus facile de trouver du pain préparé artisanalement au levain que du pain au blé ancien. Allier les deux, c’est mieux, mais être pragmatique, c’est faire avec ce qui est là.
Référence
Communiqué INRAE
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