Du mercure dans le thon en boîte, les données enfin éclaircies

La présence de hauts niveaux de méthyl-mercure dans les poissons situés en bout de chaîne alimentaire (espadon, thon, brochet…) est connue depuis longtemps, et la recommandation d’en limiter la consommation a été clairement énoncée. Parmi les espèces de thon, le thon blanc
Sur le thon en boîte, la forme de poisson le plus consommée, règne depuis longtemps un certain flou, entretenu par l’absence de contrôle et de mention obligatoire, et la notion d’une grande diversité selon l’origine du thon mis en conserve. Deux ONG, Bloom et Foodwatch, ont tiré la sonnette d’alarme depuis qu’une analyse aléatoire dans 5 pays européens sur 148 boîtes de thon a révélé que toutes contenaient du mercure, avec une grande diversité : entre 0,10 et 3,85, soit un facteur de 1 à 35 !
Plus de la moitié dépassait 0,3 mg/kg, ce qui correspond à la teneur maximale fixée en Europe (1 mg/kg de poisson frais).
Les ONG condamnent le fait que la réglementation ne différencie pas le poisson frais et en conserve, et ainsi, un thon en boîte qui contient 1 mg/kg correspond à du poisson frais à 3 mg/kg, soit trois fois plus que le seuil. Mais cela n’a pas tant d’importance, car la portion consommée en poids est en moyenne 3 fois moindre pour les conserves, et ce qui compte pour le mercure, c’est la quantité ingérée par semaine, ne devant pas dépasser 1,6 µg/kg, soit pour un adulte de 60 kg 100 µg/semaine.

Si on suppose un lot de thon frais contenant le maximum admis, c’est-à-dire 1 mg/kg :
– Une portion habituelle de 150 g de thon frais à 1 mg/kg : 150 µg
– Une portion habituelle de 50 g de thon en boîte à 3 mg/kg : 150 µg
Que l’on consomme du thon frais ou en boîte, si l’on est dans les portions habituelles, l’apport est a priori le même. La différence est que le thon consommé frais est habituellement rouge, donc moins contaminé que le blanc que l’on trouve en boîte.
En fait, ce qui pose vraiment problème, c’est ce facteur de 1 à 38 selon les lots de poissons. On peut ainsi avec une portion hebdomadaire apporter de 5 µg à 190 µg de mercure, soit 5 % à 190 % de la dose maximale tolérée. La seule solution pour sécuriser la consommation du thon en boîte serait que les lots soient analysés avec indication sur l’étiquette de la teneur en mercure. Il suffirait pour cela d’une décision réglementaire, qui se heurte, on peut l’imaginer, à un lobbying puissant.

Références :
1. Contamination du thon par le mercure (Bloom)
2. Résultats détaillés de l’étude sur148 boîtes de thon