Vitamine D : le microbiote entre en scène

La vitamine D est devenue la star des compléments alimentaires. Les avantages santé impressionnants d’un taux élevé dans le sang, sans cesse rappelés (y compris face aux Coronavirus), suffisent à les justifier dans la plupart des articles à ce sujet. Or, s’il y a une corrélation maintes fois vérifiée entre un niveau naturellement élevé de 25-OH-cholécalciférol et un réel bénéfice santé, on oublie généralement deux aspects de la situation :
1. Les complémentations, en élevant directement le taux sanguin, n’obtiennent qu’une partie des bénéfices, ce qui montre que la vitamine D dosée est un facteur de santé et aussi un marqueur d’un état de santé, c’est-à-dire que certaines conditions favorables ont aussi pour effet de faire monter ce taux (1)
2. Le 25-OH-cholécalciférol est une provitamine D inactive. La forme devient active, en se transformant au niveau du rein en 1,25 diOH cholécalciférol. Cette forme n’est habituellement dosée que lors des insuffisances rénales, pour évaluer la capacité métabolique des reins. Et le principe selon lequel la forme circulante inactive est le meilleur marqueur du statut en vitamine D n’a jamais été remis en cause.

La publication récente de chercheurs californiens (2) se pose cette question en constatant sur plusieurs centaines de sujets âgés (moyenne d’âge 84 ans), l’inconstance de la conversion de précurseur en forme active de vitamine D, et une corrélation entre le niveau de cette conversion et la nature du microbiote.

Le fait que les sujets soient âgés, donc plus concernés par l’insuffisance rénale, ne permet pas de conclure grand-chose, mais pose deux questions qui devraient nous interpeller :
– Le dosage du précurseur circulant est-il insuffisant pour établir le statut en vitamine D ?
– Peut-on dissocier le statut en vitamine D des autres facteurs de santé (nutrition, ensoleillement, microbiotes…) pour croire qu’il suffit de prendre une complémentation pour se protéger ?

Références :
1. Et si la supplémentation en vitamine D était souvent inutile, et parfois néfaste ?
2. R.L. Thomas & al : Vitamin D metabolites and the gut microbiome in older men  – Nature Communications 2020 vol. 11, Article: 5997