Le saumon alimentaire est aujourd’hui coincé dans un dilemme. Sauvage, il est nutritionnellement idéal mais en voie de disparition. D’élevage, on le produit en grande quantité mais avec des qualités nutritionnelles, écologiques et éthiques contestables.
La truite, poisson de la même famille, se prête également à l’aquaculture. Elle est proposée en alternative. Une solution qui a certains avantages sans pour autant être idéale.
La truite, un poisson sauvage qui se raréfie
Les truites regroupent diverses espèces de la famille des salmonidées. Elles ont longtemps peuplé les eaux claires de plusieurs continents. Leur durée de vie dépasse naturellement 7 ans et peut se prolonger bien au-delà. Elles atteignent facilement 5 kg et peuvent aller jusqu’à 15 kg dans certains lacs !
Ce sont des poissons carnivores qui se nourrissent essentiellement de vers et d’insectes, de petits poissons quand elles sont plus grosses).
La truite fario (Salmo trutta) est l’espèce qui peuplait naturellement les cours d’eau européens et certains lacs de montagne.
La truite arc en ciel ou truite rose (Oncorhynchus mykiss) est une espèce américaine, introduite en Europe pour approvisionner des zones de pêche. Elles ne se développe naturellement en devenant « sauvages » que dans de rares endroits.
Ces deux espèces ne vivent le plus souvent qu’en eau douce. Parfois, elles peuvent passer une partie de leur vie dans l’océan et remonter les rivières pour se reproduire, comme les saumons. On les appelle alors de truites de mer.
Les ombles sont des espèce voisines présentes naturellement ou introduites dans des lacs.
La production en élevage
Les truites sauvages état devenues rares, leur commercialisation est interdite. Certaines variétés sélectionnées, principalement de truites arc-en-ciel, sont propices à la pisciculture. Celle-ci peut se faire intégralement en au douce, ou se terminer pendant quelques mois en milieu marin. Les truites de mer obtenues sont nettement plus grosses et peuvent atteindre 1 kg.
Les élevages se sont développés, avec une nourriture composée de poissons et de végétaux, et l’ajout de caroténoïdes donnant la couleur rose-orangée.
Les truites saumonées produites par les diverses formes de pisciculture sont commercialisées entières chez les poissonniers, ou en filets fumés dans la grande distribution.
L’exigence des truites du point de vue de la densité de population et de pureté de l’eau devrait en principe garantir une certaine qualité. Il y a cependant une opacité sur les conditions d’élevage et les variants hybrides, voire transgéniques utilisées.
Les truites triploïdes produites artificiellement (procédés mis au point par l’INRA en 1980) sont stériles et atteignent rapidement une taille supérieure aux espèces naturelles. Leur rentabilité est donc nettement améliorée.
Comme pour les saumons, l’alimentation en élevage n’est pas l’alimentation naturelle de l’espèce. Les poissons issus de la pêche en mer sont la base. Il faut environ 2,5 kg de poissons aliment pour produire 1 kg de truite, ce qui pose question quand on connaît les limites du potentiel de pêche en mer dans les années à venir. Des produits végétaux occupent déjà une part importante. Les éleveurs tentent d’augmenter pour réduire les coûts et limiter le pillage du milieu marin. Cela passera probablement par la mise au point de variants génétiques car il ne s’agit pas de l’alimentation naturelle de ces espèces.
Composition nutritionnelle de la truite
Les truites ont une composition alimentaire comparable au saumon.
On y trouve des protéines de bonne qualité, des micronutriments dont les vitamines spécifiques des produits animaux (A, B12, D).
Les lipides ont un niveau d’insaturation intéressant avec une forte proportion d’oméga 3 (EPA, DHA). Ce sont cependant des poissons nettement moins gras que le saumon, avec donc un apport moins conséquent en EPA et DHA. Les truites sauvages ou d’élevage marin sont des poissons maigres (< 5% de lipides), les truites d’élevage classiques sont dans la catégorie semi-gras, alors que les saumons sont des poissons gras.
La truite est-elle une alternative intéressante au saumon ?
Du point de vue écologique, les élevages ne reproduisent pas les conditions indécentes imposées aux saumons (entassement dans des cages marines). Le label « aquaculture de nos régions » en France garantit un respect minimal de l’environnement et de la condition animale, mais il ne figure pas forcément sur les produits concernés. Les produits Biologiques ou label rouge ont les cahiers des charges les plus exigeants. Il s’agit néanmoins de conditions éloignées de leur cadre de vie naturel, notamment leur alimentation, qui en plus contribue à l’épuisement des océans. Certains élevages privilégient une très haute qualité en reproduisant dans la configuration de leurs bassins des conditions aussi proches que possible du cadre naturel de ces poissons.
Du point de vue diététique, étant moins riches en lipides, les truites sont moins intéressantes que les saumons et les petits poissons gras pêchés sur les côtes.
En conclusion, elles sont moins intéressantes que le saumon du point de vue nutritionnel et plus propices au respect des valeurs écologiques et éthiques.
En accroissant la diversité, elle contribuent à réduire la consommation de saumon, et ainsi de mieux préserver leurs espèces sauvages et freiner la croissance folle de leurs élevages.
Voir aussi : Sauvage ou d’élevage, le saumon en question
Consultant Formateur - Nutrition, psychologie et santé intégratives