SOMMAIRE
Les aspects généraux de la migraine, la panoplie complète des solutions thérapeutique et une trame pour construire un programme personnalisé de soins dans une démarche intégrative sont détaillés dans l’article : Traitement intégratif, personnalisé et durable de la migraine.
Seuls les aspects concernant l’alimentation et la complémentation (micronutrition et phytothérapie) sont abordés dans cet article. Ils interviennent à deux niveaux :
– Certains aliments sont de possibles déclencheurs de crise, d’une manière complexe qui dépend de la personne et du contexte. On ne peut donc pas se satisfaire d’une liste comme le proposent de nombreux articles de vulgarisation sur la migraine.
– L’alimentation, associée ou non à une complémentation, pouvant elle-même associer micronutrition et phytothérapie, est un pilier du traitement de fond visant à améliorer la santé générale et diminuer la sensibilité aux déclencheurs, ainsi que la durée et l’intensité des crises.
RÔLE DES FACTEURS ALIMENTAIRES DANS LE DÉCLENCHEMENT DES CRISES DE MIGRAINES
Le rôle des facteurs alimentaires dans le déclenchement des migraines est aujourd’hui largement reconnu. Pour certaines personnes, il semble déterminant et on parle alors de migraines alimentaires.
Il est cependant d’une grande complexité, avec un effet plus ou moins marqué selon les facteurs et les personnes. Il est donc inadéquat de généraliser la nature de ces facteurs sur la base de simples observations.
Les différents facteurs déclencheurs de migraines peuvent être classés entre groupe selon le mécanisme et le niveau de preuves :
– Les excès et les changements
– Les additifs alimentaires
– Les amines biogènes
– Les intolérances alimentaires
Les excès et les changements
Le cerveau des migraineux est sensible à tout ce qui change brutalement. Il peut s’agir de facteurs extérieurs (météo), de réactions intérieures à certaines situations, ou à des comportements changeants ou excessifs concernant l’activité physique, le sommeil, et l’alimentation.
Les situations qui créent un contexte déclencheur peuvent concerner des aspects quantitatifs, qualitatifs des repas ou des modifications de leur rythme.
Cela peut être une période de jeûne (voire un simple repas sauté), un repas très abondant ou à un horaire inhabituel. Dans ce cas, ce n’est pas un aliment qui est en cause mais la déstabilisation suite au changement d’habitude.
Qualitativement, le fait de consommer un aliment glacé, ou au goût très marqué (piments) peut déclencher une réaction qui conduit à une migraine.
- L’alcool en lui-même n’est pas un facteur direct de migraine. En revanche ses conséquences (déshydratation), les autres composés présents dans la boisson alcoolisée consommée (amines biogènes), ou le changement d’état interne provoqué par l’alcoolisation peuvent être des déclencheurs. L’acétaldéhyde produit par métabolisation de l’éthanol favorise des maux de tête qui ne sont de véritables migraines.
- L’excès de café (ou autres boissons riches en caféine) est parfois mis en cause comme déclencheur. En fait, la caféine a un effet vasoconstricteur qui donne une action globalement bénéfique en cas de crise [1], et la consommation de café, même en quantité notable, n’est pas en elle-même un provocateur de crise. En revanche, l’arrêt de consommation quand celle-ci est régulière donne des maux de tête ressemblant à la migraine, sans les signes sensoriels. Comme de nombreux autres facteurs déclencheurs, c’est le changement d’une habitude régulière qui pourrait être déstabilisante et déclencher le processus migraineux.
➥ Pour réduire le risque de survenues des crises, il est donc avantageux d’avoir une certaine stabilité dans son alimentation et d’anticiper les changements de manière qu’ils n’impactent pas l’organisme de manière brutale. Cela peut être difficile pour certaines personnalités qui n’aiment pas la routine ou cherchent de sensations par les changements.
Additifs alimentaires
Certains composants ou additifs peuvent alimenter directement la physiopathologie de la migraine. Consommés de manière chronique, ils abaissent le seuil de déclenchement de la crise. Pris ponctuellement en forte quantité, ils pourraient la déclencher, en synergie avec d’autres facteurs.
– Le glutamate monosodique utilisés comme exhausteurs de goût dans certains aliments transformés apporte de l’acide glutamique qui peut passer dans le cerveau et amplifier le pouvoir excitateur de ce neuromédiateur, qui participe au mécanisme des crises de migraines.
– Les nitrites, et les nitrates qui peuvent les générer qui alimentent une voie de biosynthèse du monoxyde d’azote. Un excès inapproprié de celui-ci dans certaines circonstances pourrait favoriser une crise. Cette production de monoxyde d’azote à partir des nitrates et nitrites a également des conséquences favorables [2], il serait donc désavantageux de chercher à éliminer les aliments qui en contiennent, particulièrement les légumes qui ont de multiples avantages santé.
Les amines biogènes
Trois amines biogènes sont citées comme agent favorisant les migraines : l’histamine, la tyramine et la phényl-éthyl-amine (PEA). Une synthèse détaillée des différentes données à leur sujet figure dans l’annexe : Amine biogènes et migraines.
Il en ressort que de nombreuses preuves existent aujourd’hui sur le rôle déclencheur de la tyramine, ce qui n’est pas le cas de l’histamine et de la phényl-éthyl-amine qui, avec les données actuelles, ne peuvent pas être mises en cause. Il n’y a donc aucune raison d’écarter préventivement les aliments contenant de l’histamine ou de la PEA dans l’objectif de prévenir les crises de migraines.
La tyramine peut déclencher une crise de migraine, mais seulement chez certaines personnes, probablement suite au déficit d’une enzyme qui ne permet pas de la dégrader correctement quand elle est apportée à un certain niveau par l’alimentation.
En pratique, pour une personne migraineuse, il est avantageux de vérifier cette sensibilité avant de se priver inutilement d’une série d’aliment qui ont par ailleurs des qualités nutritives et gustatives.
En cas de réaction positive, l’objectif sera de trouver pour les aliments concernés les quantités tolérables, et de ne pas les associer (comme la combinaison formage/vin rouge !)
Pour les autres, il n’y a pas de précaution particulière, en dehors des excès qui sont un risque général pour tous les migraineux.
Intolérances alimentaires
Des facteurs déclenchants liés à des intolérances alimentaires sont souvent cités, généralement peu documentés. L’activation d’une crise par un mécanisme lié à une intolérance est concevable et utile à connaître, si elle est déterminée par une auto-observation des crises dans un contexte aussi objectif que possible. La mise en cause d’aliments sur une base générale d’intolérance (gluten, produits laitiers, etc.) n’a aucun fondement. Le fait de le vérifier quand on le présuppose est aléatoire, l’effet nocebo étant alors marqué. Les privations non justifiées pénalisent inutilement la diversité alimentaire et la qualité de vie, ce qui est globalement néfaste pour la santé
L’EXEMPLE DU CACAO
Le chocolat est souvent cité comme agent déclencheur de la maladie, avec comme explication la présence de d’amines biogènes (tyramine, phényl-éthyl-amine). Or, la quantité présente dans les consommations de chocolat mises en cause, trop faible et combinée à une dégradation importante de ces amines par les monoamines oxydases digestives, est souvent insuffisante pour expliquer un tel mécanisme.
Selon le neurologue Jérôme Mawet, il est courant que la phase prodromique qui précède la crise de migraine déclenche des envies compensatoires de chocolat, et la crise se produit ensuite indépendamment de cette prise. Il s’agit dans ce cas d’une simple corrélation et non d’un lien de causalité.
Une quantité notable de chocolat qui apporte de la tyramine chez une personne sensible à cette amine par déficit enzymatique peut théoriquement déclencher une crise de migraine, mais cela est rare. Pour la plupart des migraineux, il est dommage de se priver de chocolat. Il suffit pour cela de se libérer de l’idée qu’il soit néfaste (pour éviter un effet nocebo) et de modérer la consommation.
➥ QUELLE ATTITUDE VIS-À-VIS DES ALIMENTS DÉCLENCHEURS DE CRISE DE MIGRAINE ?
L’effet déclencheur d’un aliment est possible, mais il convient de le relativiser, car il est plutôt rare. Il concernerait selon certaines études moins de 10 % des crises de migraines et pour le déclencheur le mieux documenté, la tyramine, il dépend du terrain biologique et ne concerne que certains migraineux. La consommation de produit riche en glutamate doit être évitée car cet additif a un effet toxique général qui accroît le risque de déclarer crise de migraine.
Le fait d’avoir vu des listes d’aliments à éviter, comme il en existe beaucoup, et d’avoir fait le lien sur une coïncidence avec l’un ou plusieurs d’entre eux conduit à les croire responsables, et cela peut ensuite par effet nocebo leur donner réellement ce pouvoir déclencheur.
Compte tenu de tels effets auto-induits et du stress que peut provoquer la vigilance sur les aliments suspectés d’être responsables de crises, il n’est pas avantageux de se focaliser sur la recherche d’aliments déclencheurs. Dans la mesure où la démarche d’auto-observation essentielle dans une démarche intégrative de soin des migraines est adoptée, il suffit alors d’être attentif à ce qui globalement précède les crises, y compris l’alimentation, mais sans traquer spécifiquement les aliments suspects.
Concernant le café, l’alcool et pour la plupart du chocolat, rien ne sert de s’en priver. Le plus favorable est d’avoir une consommation régulière et raisonnable en évitant les excès ponctuels.
L’ALIMENTATION COMME TRAITEMENT DE FOND DE LA MIGRAINE
Le traitement de fond de la migraine a pour objectif une optimisation de la santé générale éventuellement associée à une amélioration du terrain biologique et psychologique afin de désensibiliser le mécanisme de la migraine et ainsi de réduire les crises, voire de les faire disparaître complètement.
Dans une approche intégrative, le traitement de fond est un programme personnalisé qui se construit en combinant de manière cohérente et convenable pour la personne concernée différents facteurs favorables.
Ces facteurs se répartissent dans plusieurs secteurs de la santé et du soin :
– Le mode de vie, avec une place importante pour l’alimentation quotidienne
– Les autosoins préventifs, parmi lesquels la complémentation (micronutrition et phytothérapie)
– Les médicaments, si les améliorations obtenues par les approches précédentes sont insuffisantes
La place de la nutrithérapie par la macronutrition (c’est-à-dire tout ce qui est dans l’assiette) repose sur trois potentiels thérapeutiques que les choix nutritionnels peuvent lui conférer :
– Moduler le niveau de la réponse inflammatoire (par la qualité de l’alimentation générale)
– Réduire l’atrophie intestinale (par un programme alimentaire spécifique)
– Apporter au cerveau des capacités supplémentaires qui pourraient protéger le mécanisme qui se sensibilise trop facilement lors des crises de migraines (par une alimentation qui produit des corps cétoniques).
Le choix qui se sera fait sera d’autant plus bénéfique qu’il convient à la personne et peut se mettre en place de manière durable sans perturber la qualité de vie. Il n’est pas avantageux d’être trop ambitieux et de s’engager aveuglément vers une diète paléolithique ou cétogène supposée être plus efficace. Si sa contrainte pénalise la vie sociale et frustre régulièrement des désirs gustatifs, cela peut devenir globalement néfaste et conduire à l’abandon, avec un sentiment d’échec. Une alimentation restrictive, quand elle n’est pas une nécessité induite par une intolérance vraie ou une maladie métabolique est un choix qui a avantage à être bien pesé avant d’être engagé.
L’alimentation santé anti-inflammatoire
Vers un consensus sur l’alimentation santé
Le rôle de l’alimentation comme facteur de santé est aujourd’hui clairement établi. Et une alimentation globalement favorable à la santé avec notamment une protection inflammatoire est également bénéfique pour améliorer la maladie migraineuse.
De nombreux facteurs, mis en avant par des études ciblées, sont relayés par les médias, ce qui conduit à conseiller de consommer certains aliments ou en éviter d’autres, avec parfois des recommandations contradictoires. Une telle approche qui tend à additionner des facteurs favorables peut oublier l’essentiel d’une alimentation santé, qui repose sur des principes généraux et simples qui maintiennent une diversité aussi grande que possible et ne demande aucun contrôle cognitif permanent se demandant s’il est vraiment bon de manger ce que l’on mange !
Les bases d’une alimentation santé simplifiée
Les principaux objectifs d’une nutrition santé se résument à quelques critères [3] qui rapprochent les apports alimentaires des besoins correspondant à ce que les humains trouvaient dans leur environnement naturel pendant la longue durée de stabilisation de son génome et de sa biologie. Elle repose prioritairement sur la consommation de produits variés et non transformés, avec une forte part végétale. Elle s’optimise ensuite par le respect de certains apports et de certains ratios qui ont toujours été les même dans l’alimentation naturelle (un rapport oméga 6/oméga 3 faible, une charge glycémique modérée, un ratio potassium/sodium suffisant et un apport riche et varié en micronutriments et antioxydants). Cela se fait relativement simplement en s’approvisionnant de manière diversifiée avec des produits naturels et de saison, et en privilégiant quelques catégories précieuses (notamment les produits riches en oméga 3 et en antioxydants).
Une telle alimentation réduit le potentiel inflammatoire qui est un facteur majeur des crises migraineuses.
Un effet bénéfique global pour la santé et spécifiquement pour les migraines
L’alimentation santé telle qu’elle a été préalablement définie est globalement favorable à la santé durable avec un effet préventif sur un grand nombre de maladies chroniques. Par son potentiel anti-inflammatoire et stabilisant de la glycémie, elle plus spécifiquement bénéfique sur les migraines.
Il est donc particulièrement avantageux pour une personne migraineuse qui n’a pas encore adopté une telle alimentation de le faire, en s’aidant d’un ouvrage ou en se faisant accompagner par un psycho-nutritionniste pour gérer les difficultés psychoaffectives et relationnelles que peut entraîner un tel changement. Le changement alimentaire sera d’autant plus effet bénéfique que le point de départ est éloigné de l’optimum santé.
Le régime Seignalet et la diète paléolithique
L’hypothèse de Jean Seignalet
Suite à une expérience personnelle bénéfique avec un régime alimentaire, Jean Seignalet a entrepris une recherche personnelle sur l’impact des modifications alimentaires survenue lors à la sortie du paléolithique (il y a 12 000 ans) : c’est-à-dire l’introduction les céréales cultivées après transformation par croisement et des produits laitiers, puis beaucoup plus tard les transformations par l’industrie agroalimentaire. Son hypothèse est que les organismes n’ont pas encore eu le temps de s’adapter génétiquement et qu’ils sont fragilisés par une alimentation qui ne leur convient pas, ce qui favorisent des maladies chroniques qui ne semblaient pas exister avant ces changements. Revenir à un régime ancestral pourrait donc avoir un effet guérisseur. La diète paléolithique, qui s’est popularisée plus récemment est fondée sur le même principe, et ne diffère que par un léger élargissement des restrictions et plus de souplesse sur les écarts.
Effets du régime ancestral sur les malades chroniques
Il a proposé un tel régime excluant les produits transformés modernes, les céréales modifiées pour production agricole et tous les produits laitiers à des personnes atteintes de maladies chroniques variées, sur lesquelles la médecine obtient des résultats décevants. Les statistiques de rémissions totales ou partielles des symptômes varient selon les maladies et sont clairement positives pour la plupart des pathologies testées [4]. La communauté médicale, spontanément méfiante, n’a pas reconnu les résultats en critiquant la méthode qui n’a pas randomisé les sujets avec un groupe témoin, et donc pas reproduit la méthode pour confirmer les résultats. Ce sont de multiples témoignages de personnes ayant suivi par elle-même le régime ancestral que son intérêt s’est confirmé.
Une méthode applicable aux migraines
Concernant les migraines : sur 57 cas traités, Jean Seignalet a noté 41 rémissions complètes, 12 rémissions partielles et 4 échecs, soit 93 % de succès thérapeutique. La méthode a été reprise dans cette indication par un neurologue américain qui en a fait un livre traduit en français [5].
C’est une solution qui peut être envisagée pour les personnes souffrant de migraines, après avoir bien évalué les conséquences d’un tel choix. II s’agit en effet d’un mode alimentaire durable, dont la rupture risque de conduire à un retour des symptômes. Il s’agit également d’un mode alimentaire contraignant, qui prive de certains aliments courants et avec eux la frustration de renoncer à certains plaisirs, et une réelle complication de la vie sociale.
Un lien établi avec l’atrophie intestinale
L’alimentation ancestrale est parfois appelée non toxique ou anti-inflammatoire. Elle agit en fait principalement en réduisant l’inflammation locale au niveau de la muqueuse intestinale et de corriger ainsi l’atrophie (avec porosité) provoquée précédemment par les aliments qui ont été exclus. L’atrophie intestinale qui limite l’assimilation de certains micronutriments et rend la muqueuse poreuse à des composants néfastes pour l’organisme semble jouer un rôle important dans le maintien des symptômes de nombreuses maladies chroniques.
La question délicate de l’application stricte du régime
Seignalet et d’autres médecins qui ont repris sa méthode préconise de l’appliquer strictement, sans écart qui pourrait le faire échouer. Cette injonction, fondée sur une croyance est particulièrement perverse. Elle crée une tension contraignante qui peut activer un effet placebo (l’effort que l’on fait pour guérir) ou l’inverse par son autoréalisation dès que le pacte est rompu par un écart avec une forte culpabilité. Quand l’injonction est donnée par un thérapeute, elle crée une situation de pouvoir dans laquelle le praticien peut dire si ça fonctionne, « c’est grâce à ma méthode », et si ça ne fonctionne pas et qu’il y a eu un écart, « c’est de votre faute, vous n’avez pas bien appliqué la méthode ».
La nécessité de bien évaluer les conséquences avant de s’y engager
Un régime Seignalet adopté sans une démarche de préparation et d’acceptation peut conduire à un échec avec un fort sentiment de dévalorisation en se sentant responsable de cet échec. En cela, son application avec les règles strictes de son fondateur conduit à tout miser sur un effet biologique associé à un effet placebo qui ne tient que si la règle est respectée et s’inverse dans le cas contraire. Les effets psychologiques et sociaux sont totalement négligés, en oubliant l’impact majeur qu’ils ont sur la qualité de vie et la santé globale.
Une variante plus réaliste pour un effet durable
Il y a une manière différente de faire, avec un régime suivant la même orientation de manière moins stricte (en tolérant notamment en quantité modérée les blés anciens et quelques écarts ponctuels lors de situations de vie sociale) et un renforcement de l’action sur l’atrophie intestinale avec une complémentation adaptée pendant 6 mois.
D’un point de vue biologique, les effets sont proches et il est difficile de croire, sans prendre en compte l’effet de croyance portée sur le régime, que les effets passent du tout ou rien avec un assouplissement des restrictions. Cette variante plus souple est importante à proposer parce qu’elle offre une solution durable avec moins de frustrations et moins de perturbation de la vie sociale, ce qui un impact bénéfique sur la santé globale.
Le régime cétogène
Un régime encore plus restrictif !
Le régime cétogène demande une restriction alimentaire plus stricte que la diète paléolithique (régime ancestral), puisque le niveau d’apport de glucides doit être suffisamment bas pour que la cétogenèse s’active. La réflexion préalable et la conscience des conséquences de l’engagement pris sont donc encore plus importantes que précédemment.
Bénéfices attendus sur la migraine
Les bénéfices du régime cétogène sur la migraine sont mis en avant par les sources globalement favorables à ce régime [6]. Ces résultats s’expliquent par une réduction de l’inflammation intestinale, comme la diète pour la diète paléolithique, avec en plus l’effet bénéfique des corps cétogènes sur le cerveau en modérant l’action excitatrice du glutamate.
Une revue de 10 essais effectués constate dans la plupart des cas une réduction du nombre et la gravité des crises de migraine chez les patients, avec peu d’effets indésirables signalés. Les études ont été limitées par la petite taille des échantillons, de possibles biais de publication et des instruments d’évaluation de la gravité des migraines hétérogènes qui ne permettent pas de comparer les études [7].
Les réserves de la communauté scientifique
Il y a un décalage entre les promoteurs du régime cétogène qui ne voient que les éléments de preuves favorables et une orthodoxie scientifique qui sous-évaluent les solutions alimentaires non conventionnelles en leur demandant la même rigueur méthodologique qu’une solution médicamenteuse, ce qui est impossible. Dans un juste milieu, on peut admettre que ce régime est une solution potentiellement efficace si elle correspond à un choix de santé globale qui peut s’insérer durablement dans le mode de vie, ce qui nécessite une vraie réflexion préalable et une conscience de l’engagement que cela demande.
LA COMPLÉMENTATION DANS LE TRAITEMENT INTÉGRATIF DES MIGRAINES
Voir la revue détaillée des ingrédients de la micronutrition et de la phytothérapie
proposée en annexe.
La micronutrition
La micronutrition apporte sous forme concentrée des micronutriments dans deux contextes :
– Corriger les déficiences alimentaires. C’est une micronutrition physiologique, ajustée aux besoins, dont l’objectif est de compenser une alimentation déficiente, idéalement pendant la période d’optimisation alimentaire mettant fin aux déficiences, à défaut de quoi la complémentation doit se pérenniser pour un effet durable.
– Augmenter le stock disponible de facteurs métaboliques bénéfiques dans une situation donnée. C’est une micronutrition orthomoléculaire (la bonne molécule à la bonne dose), souvent fortement dosée, qui a un effet nutritif et aussi potentiellement curatif puisque l’on dépasse les besoins physiologiques).
Les différentes données disponibles (physiopathologie des migraines, études d’observations) conduisent à déduire de l’utilité de divers micronutriments, mais seulement trois ont été validés par des études d’intervention : le magnésium, le coenzyme Q10, et la vitamine B2 [8].
– Le magnésium (100 mg trois fois par jour) avec un sel assimilable limitant le pouvoir laxatif (bisglycinate, citrate, glycérophosphate) est à privilégier, parce que son efficacité est bien évaluée, que l’on utilise une dose physiologique qui respecte le métabolisme, et qu’il a de multiples bénéfices santé en corrigeant une déficience fréquente.
– Le coenzyme Q10 et la vitamine B2 (riboflavine) n’ont pas de lien de causalité par leur déficience dans les migraines. Le bénéfice avec des apports supérieurs aux besoins est une meilleure activité mitochondriale qui a un effet modérateur sur le déclenchement des migraines. Le bénéfice a été validé par plusieurs essais cliniques, dans les deux cas avec de très fortes doses, bien supérieures aux besoins physiologiques (300 fois pour la vitamine B2). La tolérance est bonne à court terme, mais les conséquences à long terme sur le métabolisme ne sont pas connues.
– D’autres micronutriments sont proposés, seuls ou associés dans des spécialités, sur la base d’études préliminaires ou des fondements spéculatifs en raisonnant sur un probable effet physiologique mais sans preuve d’efficacité : les acides gras polyinsaturés oméga 3, la vitamine D, la carnitine, Le tryptophane, la mélatonine, le 5 HTP (Griffonia simplicifolia)…
La phytothérapie
L’intérêt de la phytothérapie dans la prévention des crises de migraine est aujourd’hui assez consensuel. Divers essais cliniques et quelques revues sont disponibles qui mettent en avant trois plantes : Petasis hybridus et Tanacetum parthenium principalement, Ginkgo biloba secondairement.
D’autres plantes ont montré des effets potentiels seulement lors d’études préliminaires : curcumine, le citron et la coriandre comme traitement prophylactique de la migraine ; menthol et de la camomille allemande (matricaire) comme traitement des crises.
Les spécialités composées
Des spécialités associant divers ingrédients de micronutrition et de phytothérapie sont proposées, appuyant l’efficacité sur celle d’un ou plusieurs composants qui bénéficient d’une évaluation positive, même si celui-ci n’est pas à la dose à laquelle son efficacité a été démontrée.
Les produits disponibles sont de qualités inégales et doivent être évalués en analysant leur composition. Choisir de faire entrer une complémentation dans un programme de prévention demande une réflexion sur la durée de la cure et leur fréquence, car un tel traitement est efficace quand il est pris. Un traitement continu à long terme n’étant pas conseillé pour les compléments alimentaires, il convient de définir quand il est choisi de le prendre et de l’arrêter.
DÉMARCHE GLOBALE INTÉGRATIVE ET PERSONNALISÉE DE LA MIGRAINE
Voir l’article :Approche globale, intégrative, personnalisée et durable des migraines ( à venir)
Les quatre piliers de cette approche sont :
1. Le positionnement d’acceptation d’être migraineux et donc susceptible de faire de crise et d’engagement à s’investir dans tout ce qui est bénéfique pour moins souffrir de ces crises. Il est majeur pour porter dans la durée l’ensemble du programme
2. La mise en place une auto-observation écrite, afin d’apprendre à connaître sa migraine, ce qui déclenche les crises, ce qui permet de les traiter efficacement, et ce qui aide à réduire leur fréquence.
3.Mettre en place une panoplie organisée de solutions pour traiter les crises
4. Mettre en place un programme de traitement de fond de prévention des crises
L’auto-observation écrite permet d’identifier d’éventuels aliments déclencheurs.
L’alimentation et la complémentation entrent dans le quatrième pilier, le traitement de fond avec trois axes possibles :
– Éviter si besoin les aliments déclencheurs en quantité susceptible d’activer une crise.
– Choisir un mode alimentaire favorable, ambitieux pour qu’ils soient bénéfiques et acceptables pour qu’ils ne viennent pas détériorer la qualité de vie
– Choisir éventuellement, dans certaines périodes, une complémentation apportant des garanties de sa potentielle efficacité
DOCUMENTS ANNEXES
RÉFÉRENCES
- Karl B Alstadhaug & Anna P Andreou : Caffeine and Primary (Migraine) Headaches-Friend or Foe? – Front Neurol 2019, 10 : n°1275
- JB Boislève: Nitrate et nitrites, utiles ou néfastes
- Jacques B. Boislève : Nutrition Santé Essentielle – Holosys éditions 2022
- Méthode Seignalet – Association Jean Seignalet
- Dr Josh Turknett: En finir avec la migraine : le régime ancestral sans sucre sans gluten pour ne plus souffrir – Thierry Souccar éditions, 2016
- Migraine : les effets bénéfiques du régime cétogène – Site lanutrition.fr
- MV Caminha et al : Efficacy and tolerability of the ketogenic diet and its variations for preventing migraine in adolescents and adults: a systematic review. Nutr Rev. 1 2022, 80(6) :1634-47.
- T Rajapakse & al : Nutraceuticals in Migraine: A Summary of Existing Guidelines for Use – Headache – 2016 : 56(4) : 808-16

Consultant Formateur - Nutrition, psychologie et santé intégratives
Un grand merci pour cet article déjà très complet sur l’aspect nutritionnel avec l’avantage d’être impartial et non orienté comme beaucoup d’autres peuvent être. Vivement le reste sur le traitement intégratif ! C’est un sujet tellement préoccupant et difficile à supporter pour ceux qui le vivent…