Oméga 3 : une étude confuse qui noie le poisson !

Le ratio oméga6/oméga3 est un facteur majeur de nutrition santé, validé par de multiples observations et expérimentations qui constate deux choses :
– Dans l’alimentation moderne, qui a privilégié les oméga 6 et oublié les oméga 3, ce ratio est généralement très élevé, alors qu’il a été de l’ordre 1 pendant la longue période de construction de patrimoine génétique avec une alimentation sauvage.
– Le fait d’accroître les apports d’oméga 3 s’accompagne de bénéfices importants pour la santé.

Il y a désormais consensus à ce sujet. Et pourtant les expérimentations continuent et de nouvelles publications sur le sujet arrivent régulièrement, confirmant le rôle protecteur et parfois en mettant des doutes qui embrouillent.
Revenons sur l’une dans d’entre elles qui s’est intéressée aux Esquimaux, dont la faible incidence d’accidents vasculaires est bien connue. Un dosage d’EPA et DHA gras dans les membranes de globules rouges, considéré comme une moyenne des apports alimentaires d’une soixantaine de jours, a été corrélé aux accidents survenus. Conclusion : le niveau d’EPA et DHA n’est pas un facteur protecteur majeur, ce qui remet en doute le rôle bénéfique d’une forte consommation de poissons dans la protection des Inuits.

Est-ce que cela remet en cause l’intérêt de diminuer le ratio oméga6/oméga3 en nutrition santé ?
Il faudrait avant cela discuter trois points :
– Divers facteurs peuvent converger dans la protection des Esquimaux. Le fait d’en isoler un seul, les oméga 3, et de ne pas observer de différence en fonction de ses variations ne signifie pas que ce facteur est inactif et encore moins inutile pour d’autres populations.
– Ce n’est pas la teneur en oméga 3 qui est le déterminant majeur de santé, c’est le ratio oméga6/oméga3, non pris en compte dans cette étude.
– Le profil des acide gras membranaires n’a jamais été validé comme un reflet linéaire des apports alimentaires, ni comme facteur prédictif d’évènements pathologiques. Les acides gras incorporés dans la membrane des GR par un organisme vivant peuvent répondre à un programme spécifique sélectif en fonction de diverses variables, et ne sont pas un phénomène passif en fonction des taux présents dans le sang (2).

Il n’y a donc aucune raison de remettre en cause les acquis solides qui nous invitent à optimiser le ratio oméga6/oméga3 dans les apports alimentaires (< 4).

Références :
1. NK Senftleber & al : Omega-3 fatty acids and risk of cardiovascular disease in Inuit: First prospective cohort study. Atherosclerosis 2020 ; 321 : 28-34
2. Le profil d’acide gras membranaires et ses limites sont détaillés dans le livre Biologie Médicale Intégrative, page 249.